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Page:Roussy - Le cancer fleau social 1921.djvu/14

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giens ; et cependant l’opérateur qui se blesse au doigt devrait facilement s’inoculer le mal que son couteau extirpe.

On peut donc admettre que le cancer n’est pas une maladie transmissible d’homme à homme ; ce que prouvent d’ailleurs certaines tentatives d’inoculation de cancer chez l’homme, faites au siècle dernier par des expérimentateurs fort peu scrupuleux !

Plus difficile, parce que plus incertaine, est la question de l’hérédité du cancer. — Y a-t-il hérédité directe ou simple hérédité indirecte ? Telles sont les hypothèses encore discutées aujourd’hui et qui, toutes deux, rallient des partisans. L’hérédité directe, cependant, me semble devoir être de plus en plus abandonnée. Certes, on connaît les cas de familles à cancer dont on nous parle depuis plusieurs générations. Ces faits peuvent-ils établir la preuve de l’hérédité directe de la maladie ? Certainement pas, en raison de leur faible proportion qui plaide plutôt en faveur d’une simple coïncidente. Je ne crois pas, pour ma part, que le cancer soit à proprement parler une maladie héréditaire, dans le sens essentiel du mot. Un sujet né de parents morts du cancer ne sera pas nécessairement, fatalement, condamné à voir se développer chez lui un cancer. Mais ce qui se transmet vraisemblablement par l’hérédité, c’est la prédisposition, le terrain favorable au développement de la maladie. Nous n’avons pas en nous, par héritage, le germe du cancer, mais bien un terrain sur lequel, une fois semé, le cancer poussera plus ou moins facilement. Cette prédisposition est-elle héréditaire ? C’est possible, mais non démontré.

J’arrive enfin à la troisième et dernière partie de ma conférence, à la lutte anticancéreuse.

Quels sont ses buts et quelles doivent être ses méthodes ?

La lutte anticancéreuse doit répondre à un triple but.

Le premier est de rechercher la cause intime du mal et, pour cela, de développer la marche progressive des études scientifiques.

En second lieu, la lutte anticancéreuse doit préciser et faire connaître les signes révélateurs du cancer, les causes qui en facilitent l’éclosion ; et ceci, doit le faire, non seulement dans le grand public, mais surtout dans le public médical. C’est une question très importante, à l’heure actuelle, que d’attirer l’attention des médecins sur les nouvelles méthodes de diagnostic et de traitement que nous possédons aujourd’hui ; sur l’importance du diagnostic précoce ; sur les renseignements de toute sorte que peuvent fournir enfin les recherches de laboratoire.

Enfin, la lutte anticancéreuse doit perfectionner les méthodes de traitement et les mettre à la portée de tous.

Tels sont les éléments de la campagne anticancéreuse qui, depuis de longues années déjà, a été entreprise à l’étranger, et qu’enfin nous voyons, dans ces dernières années, s’organiser en France.

C’est en Angleterre qu’à la fin du xviiie siècle, s’est fondé le premier organisme central ayant pour but de lutter contre le cancer et de créer un mouvement pouvant être l’origine d’une campagne anticancéreuse. Il est intéressant de relever dans les documents du Middlesex-Hospital (à Londres), déjà anciens, puisqu’ils datent du 19 janvier 1792, les principaux