Aller au contenu

Page:Roussy - Le cancer fleau social 1921.djvu/13

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 11 —

Il est certain que les corps irritants comme la suie, la houille jouent là un rôle important et favorisent le développement d’une tumeur. Et ceci prend une réelle importance pratique, puisqu’elle place le cancer parmi les maladies professionnelles, avec toutes les conséquences légales qu’elles comportent, du point de vue des lois d’assurance et des questions de responsabilité en matière d’hygiène industrielle.

On connaît enfin le cancer des radiographes, qui déjà hélas comptent de nombreuses victimes.

D’autres causes paraissent favoriser l’éclosion de la maladie, telles sont : les chocs, surtout les chocs répétés, ou les diverses causes d’irritation mécaniques de toutes sortes.


Citons quelques exemples :


On a signalé la fréquence du cancer de la peau de la face et des mains, chez les vieux mariniers, particulièrement exposés aux irritations solaires. On connaît aussi un cancer de la peau qui se développe ; cher certaines peuplades du Cachemire, au niveau de la peau du ventre. Les indigènes ont l’habitude de se chauffer avec de petits paniers pleins de charbon qu’ils suspendent sous leurs vêtements ; sur les irritations produites par de nombreuses brûlures se développe le « kangri-cancer » des auteurs anglais.

On sait enfin que les maladies chroniques maintenant des irritations ou des ulcérations prolongées sont des causes qui appellent le cancer. Il en est ainsi du tabac, qui, irritant la muqueuse buccale, y provoque le « cancer des fumeurs ».

De même, sur les ulcères de jambe que l’on voit chez les gens porteurs de varices et qu’on appelle ulcères variqueux peut se développer, surtout sur les ulcères mal soignés et mal pansés, une tumeur cancéreuse.

Tout ceci doit-il nous effrayer ? — Au contraire, car si nous connaissons mieux les causes mêmes qui prédisposent à l’éclosion de la maladie, nous pourrons intervenir à temps soit pour supprimer ces causes, soit pour les éviter par des mesures d’hygiène qu’il s’agit de répandre dans le public.

Il me reste à vous parler de deux questions qui sont peut-être les plus intéressantes en ce qui concerne l’étiologie de cancer, c’est-à-dire la naissance de la maladie. Ce sont la contagion, à laquelle j’ai déjà fait allusion, et l’hérédité qui, actuellement, est une des notions les plus enracinées non seulement dans l’esprit médical, mais aussi dans le grand public.


Le cancer est-il une maladie contagieuse ? — On l’a cru longtemps. De même qu’on a parlé de maisons à cancer, on parlé d’épidémies de cancer, de régions où le cancer paraissait plus fréquent que dans d’autres, en raison de la constitution du sol ou des conditions géographiques du pays. Ce sont là des idées fausses et qui, comme telles, se sont propagées d’autant plus facilement. Il faut leur barrer la route et ne pas hésiter à dire hautement qu’il n’existe aucun cas démontré de contagion du cancer. Les « cancers à deux », par soi-disant contagion matrimoniale, ne sont en effet que des cas de coïncidence.

Si la contagion directe du cancer existait, on devrait l’observer fréquemment chez le chirurgiens, surtout quand on opère la main nue. Or, les statistiques des médecins et chirurgiens américains, qui sont admirablement bien outillés pour ce genre de rechercher, ont démontré qu’il n’y avait pas un seul cas indiscutable de contagion cancéreuse chez les chirur-