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Page:Roussy - Le cancer fleau social 1921.djvu/8

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le cancer est une maladie à évolution essentiellement lente et progressive, qui commence toujours par des phénomènes de maladie locale, phase pendant laquelle elle est souvent difficile à dépister, et ceci surtout lorsqu’il s’agir de cancer frappant les organes internes.

Mais c’est à cette période que le médecin doit chercher à mettre tout en œuvre pour découvrir la maladie.

Aussi, il est important que les malades viennent consulter dès l’apparition des premiers symptômes qui pourront mettre sur la voie d’un diagnostic précoce.


Comment traiter le cancer ? — Je serai relativement bref sur ce point, puisqu’il a été exposé devant vous, le semaine dernière, par mon collègue le docteur Schwartz.

Je tiens cependant à vous rappeler que nous ne possédons, à l’heure actuelle, aucun traitement spécifique du cancer, c’est-à-dire de traitement propre à guérir presque à coup sûr la maladie — comme c’est le cas pour le sérum antidyphtérique pour le dyphtérie, ou le mercure et l’arsénobenzol pour la syphilis.

Néanmoins, de très grands progrès viennent d’être faits dans ces dernières années en ce qui concerne la thérapeutique du cancer.

Alors que, pendant longtemps, l’ablation chirurgicale d’un organe ou des tissus atteints de cancer représentait pour ainsi dire la seule méthode thérapeutique rationnelle — exception faire pour quelques petits cancers de la peau justiciables d’un traitement local — la découverte des rayons X par Roëntgen, celle du radium par M. et Mme Curie, ainsi que l’emploi de l’electrolyse sont venus apporter une véritable révolution en la matière.

Le traitement du cancer par les radiations est applique actuellement dans le monde entier et ne compte plus ses succès.

Chacune des méthodes que nous venons de citer : exérèse chirurgicale, Roëntgen — ou radium-thérapie, possède des indications assez précises, et c’est là tout l’art du médecin, que de savoir choisir la méthode la mieux appropriée, sans compter que souvent elles auront à se compléter l’une par l’autre.

Voici, par exemple, une petite tumeur qui apparaît sur la surface de la peau, qui est de teinte noire et que nous appelons pour cela « mélanome ». Cette tumeur, ainsi que l’a très bien montre M. Darier, est justiciable du traitement par l’électrolyse, alors que l’application des rayons X ou l’ablation chirurgicale (malheureusement encore trop souvent employée) ne fera disparaître la tumeur que pour quelque temps et sera suivie de récidives rapides.

Voici encore un exemple : les cancers de la lèvre ou de la peau comportent différences variétés, basées sur les caractères microscopiques dans les détails desquels je me garderai bien d’entrer ici.

Qu’il nous suffise de savoir que certains cancers de le peau, des lèvres par exemple, sont justiciables du traitement par les rayon X, alors que d’autres, au contraire, sont nettement aggravés par ce procédé thérapeutique.

Voici enfin certains cancers du col de l’utérus auxquels le traitement par le radium paraît, d’après les travaux les plus récents, le mieux approprié. On pourrait multiplier à l’infini ces exemples ; je n’y insiste pas. Ce qu’il faut donc retenir ici, ce sont les deux grands principes suivants :