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Page:Roussy - Le cancer fleau social 1921.djvu/9

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1o Le cancer doit être traité le plus tôt possible après son éclosion, car les chances de guérison s’éloignent de plus en plus, au fur et à mesure que la maladie avance en âge ;

2o Le cancer se présente, tant au point de vue clinique qu’anatomique, sous les formes les plus variées, et suivant la forme en présence, il y a lieu d’appliquer tel ou tel traitement.

Trop souvent, les médecins, ignorant encore ces acquisitions de la médecine moderne, ont une fâcheuse tendance à systématiser les applications thérapeutiques selon leur propre affinité professionnelle : les radiologistes préconisent la radiothérapie ; les chirurgiens l’exérèse, etc.

C’est certainement là une des causes des nombreux échecs que nous enregistrons encore dans la thérapeutique cancéreuse.


Ces notions cliniques étant acquises, demandons-nous maintenant :


À quoi est dû le cancer ? — Nous touchons ici au nœud même du problème du cancer. Hélas ! il faut l’avouer, les recherches qui se sont poursuivies jusqu’ici n’ont par apporté de solution définitive. Sans doute, de grands progrès ont été faits dans ces dernières années, et il n’est pas téméraire de dire que l’on serre de plus en plus près le problème avec de sérieux espoirs d’aboutir bientôt.

À l’heure actuelle, si nous connaissons de mieux en mieux le point de vue étiologique, c’est-à-dire les conditions dans lesquelles apparaît la maladie, nous sommes réduits, quant à la cause intime, à de pures hypothèses.

Quelles sont les hypothèses ?

Pour les uns, le cancer résulte d’un bouleversement anarchique apporté dans ces éléments infiniment petits qui constituent nos tissus ou nos organes, et qui sont les cellules.

La vie et le fonctionnement des cellules sont, en effet, réglés pas des lois physiques et chimiques extrêmement précises dont le rythme peut être bouleversé par des causes multiples. Que survienne un choc, une irritation lente et progressive, un parasite animal ou végétal, un vice de fonctionnement de le cellule peut s’ensuivre. Celle-ci se mettra alors à proliférer — c’est-à-dire à s’accroître et à se multiplier à l’infini — à envahir les tissus voisins : le cancer est constitué.

Qu’il s’agisse encore de certains éléments restés inclus dans les organes ou dans les tissus au cours de la vie embryonnaire (germes embryonnaires) et que ces éléments — par suite des mêmes causes irritatives énumérées ci-dessus — se mettent brusquement, après une longue période de sommeil, à proliférer à leur tour : c’est encore du cancer.

Nous avons là, en substance et schématiquement esquissée, la théorie du cancer, dite cellulaire.

Pour d’autres, à la faveur des idées pasteuriennes sur les maladies infectieuses, le cancer serait provoqué par un agent microbien ou parasitaire.

Une foule de recherches ont été faites dans ce sens, mais il faut reconnaître que, jusqu’ici, aucun résultat n’a résulté à un contrôle sévère.

Nous ne connaissons donc pas, à l’heure actuelle, de parasite du cancer.

Ceci doit-il nous décourager ? — Certainement pas, car il ne faut pas oublier que ce n’est qu’en 1882 que Koch découvrit le bacille de la tuber-