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Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/15

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III

LE NAVIRE.



LE Sarmatian et le capitaine Aird sont deux grands amis. Il y a longtemps qu’ils voyagent ensemble et ils sont contents l’un de l’autre. Ensemble ils ont eu bien des mauvais jours et des nuits sans repos. Ensemble ils ont lutté contre la mer et le vent, fournissant l’un sa force et l’autre son intelligence, essuyant parfois des revers, jamais complètement vaincus. Dans la bonne comme dans la mauvaise fortune ils sont restés unis, comme l’âme est unie au corps. Car l’homme est un navire dont l’âme est le capitaine. La traversée qu’il lui faut faire pour arriver au port céleste, c’est la vie, et elle se poursuit péniblement au milieu de cet Océan semé d’écueils qui est l’humanité, et que les orages travaillent sans cesse.

Le capitaine aime son navire. Il en est fier et il le vante ! « Voyez, dit-il, comme il est bien fait, grand, large, fort, élégant. Comme il est puissant et alerte en même temps ! Comme il est léger malgré sa masse, et comme il court bien sur la vague ! Regardez ces machines puissantes qui l’animent, et le font mouvoir. Aucun autre n’en a de semblables. Écoutez