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Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/16

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comme il respire bruyamment, et comme il se soulève quand il aspire la vapeur dans ses larges poumons d’acier ! Entendez-vous les battements de son hélice ? C’est elle qui travaille bien à la mer, agile et souple comme la queue d’un poisson, mais forte comme cent baleines. Ah ! vous verrez comme il se défend, quand la mer se jette sur lui pour l’engloutir ! »

Le vaisseau à vapeur a cela de beau qu’il va droit son chemin vers le but qui l’attend. Contre la vague, contre le vent, contre les courants il suit la ligne droite.

C’est le modèle de l’homme vertueux et ferme qui ne cède pas devant l’opinion, mais qui obéit à ses principes. Le bien est son but, la vérité est sa force, et si les obstacles se dressent devant lui il les brise ou les écarte.

L’homme sans principes ressemble au contraire au navire à voiles. Quand les vents et les courants, qui sont les préjugés et les passions populaires, s’opposent à son avancement, il louvoie, il biaise, il fuit, il revient, il relâche, et c’est après mille détours qu’il parvient au terme de son ambition !

Quel beau spectacle que celui d’un navire en mer ! Quel ordre et quelle discipline à bord ! Il n’y a qu’un seul maître et il est souverain ! C’est le roi de ce petit peuple qui voyage. Ses ordres sont des lois, des arrêts ou des sentences. Lui seul gouverne et lui seul est responsable. C’est un monarque absolu !

Imaginez le gouvernement d’un navire par le suffrage universel : comme ce serait joli et sûr ! Dans les