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Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/230

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PARIS

lange des vieux héros d’Homère, rangés en carré, et abrités sous une voûte de boucliers.

Si vous dirigez à présent votre vue du côté de l’ouest vous y verrez une colonne isolée qui rappelle des héros plus modernes que ceux d’Homère, et qui les valaient bien — avec cette différence qu’ils doivent leur gloire militaire, non pas à la légende, mais à la véridique histoire.

C’est la colonne Vendôme, trophée de bronze dans la fonte duquel sont entrés douze cents canons pris sur les Autrichiens, les Prussiens et les Russes. C’est une belle imitation de la colonne Trajane, à Rome, avec des proportions plus vastes.

Le large ruban d’airain qui se déroule sur ces flancs est une épopée en bas-reliefs qui raconte les merveilleuses campagnes de Napoléon Ier et de la grande armée. Qu’il est triste de se rappeler qu’en 1871 il s’est trouvé des français, assez peu soucieux de la gloire de leur patrie pour abattre et briser ce glorieux trophée ! En ces temps malheureux, après les victoires écrasantes de la Prusse, il semble que Paris aurait du être fier de montrer aux étrangers, debout sur sa colonne, le grand guerrier qui avait vaincu, humilié et rançonné la Prusse.

Mais ce que les hommes de 1871, aveuglés par les haines de parti, n’ont pas voulu comprendre, le Maréchal MacMahon et ses ministres l’ont compris : ils ont relevé la colonne et sa statue, et les soldats