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Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/258

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PARIS

Si jamais vous allez visiter ce palais, lecteurs, les guides ne manqueront pas de vous en faire un récit plus ou moins légendaire, et de vous montrer la fenêtre par laquelle le roi Charles IX aurait tiré sur les malheureux huguenots qui s’enfuyaient.

Cette accusation est insoutenable, et la fenêtre que l’on vous montrera n’existait pas au temps de Charles IX. Mais on ne peut laver la mémoire de ce roi d’avoir laissé faire le massacre. Sans doute, les provocations n’avaient pas manqué, et les huguenots avaient pris l’initiative de l’assassinat. Sans doute, ils étaient devenus très puissants, affichaient des prétentions exorbitantes, et menaçaient l’autorité du roi. Mais le pouvoir royal, et surtout la religion catholique, devaient être autrement défendus. Les massacres — même quand ils ne sont que des représailles — ne peuvent pas servir les causes saintes, et, comme le disent très bien les historiens de Riancey, « le catholicisme, qui fut étranger au crime et qui en a souffert, a le droit de le flétrir. »

Ce dut être un terrible drame, et quand je me suis arrêté sur la place du Louvre, les yeux fixés sur ce palais, il m’a semblé le voir se dérouler devant moi.

C’était au lendemain des noces de Marguerite de Valois avec Henri de Béarn, qui allait devenir Henri IV, et les huguenots se trouvaient réunis à cette occasion dans Paris, au nombre de plus de huit mille. Les conseillers du roi et sa mère jugèrent le moment favorable pour se débarrasser des chefs ennemis, et le complot fut organisé.