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Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/259

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PARIS

« À minuit, raconte Henri de Riancey, la grosse cloche de l’horloge du Palais donna le signal ; les bourgeois avaient un mouchoir blanc au bras et une croix blanche au chapeau, et aux fenêtres de toutes les maisons étaient allumés des flambeaux pour éclairer les attentats. Le peuple se mit de la partie avec fureur.

Alors, il y eut des scènes horribles…

Coligny fut assassiné le premier dans son lit, et son corps fut jeté par la fenêtre. Le tocsin du Palais sonnait. Les gentilshommes huguenots de la suite du roi de Navarre avaient été désarmés, poursuivis ou saisis jusque dans la ruelle du lit de la reine. Henri échappa non sans peine, et en promettant d’abjurer. Le duc de Guise, le duc d’Aumale, le chevalier d’Angoulême guidaient les meurtriers de la Cour et de la garde qui massacraient les seigneurs, tandis que le peuple faisait main basse sur les gens de moyenne condition…

Le nombre des victimes a été singulièrement exagéré, et l’on ne peut aujourd’hui le fixer avec certitude. Mais ce qui n’est pas douteux, comme l’a démontré M. de Falloux, c’est que la religion ne fut pour rien dans le massacre, et que la responsabilité en revient aux intrigues de Catherine de Médicis et aux provocations des huguenots.

Le Louvre servit encore de résidence à Henri III, à Henri IV qui y fut assassiné, à Louis XIII, à l’infortunée reine d’Angleterre, veuve de Charles Ier, et à Louis XIV au commencement de son règne.