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Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/302

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vous faire connaître tous les conférenciers que l’on entend deux fois la semaine dans ces cercles d’ouvriers. Il faut me borner à vous esquisser celui des deux fondateurs des cercles qui en est le plus illustre orateur.

M. de Mun n’est pas un inconnu pour vous. Sa réputation a franchi les mers, et vous avez lu ses magnifiques discours à la tribune française, discours qui ont fait croire aux catholiques de France qu’ils avaient encore un Montalemhert.

Ce n’est pourtant pas à la tribune que M. de Mun a donné la vraie mesure de sa force et de son talent. L’éloquence parlementaire est un genre à part qui demande, — outre les qualités oratoires que M. de Mun possède — une longue habitude et une connaissance parfaite de ce vrai champ de bataille. C’est ce qui manque à l’orateur catholique.

Mais dans ces cercles qu’il a fondés, et qui sont son œuvre de prédilection, il se sent chez lui, dans son élément, et c’est là qu’il faut l’entendre.

Pour vous faire apprécier ses belles conférences, il me suffira de vous en résumer une, qui est pour ainsi dire le type des autres.

En janvier 1876, M. de Mun se rendit au Hâvre, à la demande des catholiques de cette ville pour y fonder un cercle catholique d’ouvriers. Malheureusement il avait été mandé un peu tard, et quand il y arriva, M. Jules Simon venait d’en partir, après y avoir inauguré lui-même l’ouverture d’un cercle d’ouvriers, nommé le cercle Franklin.