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Page:Routhier - À travers l'Europe, impressions et paysages, Vol 1, 1881.djvu/303

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Vous observerez comme moi, en passant, les efforts que la Révolution oppose aux catholiques pour empêcher les ouvriers de lui échapper.

Ce cercle Franklin était organisé sur une grande échelle, avec somptuosité même, et devait nécessairement être un grand obstacle au succès de l’œuvre catholique. Ajoutons que M. Jules Simon avait fait un grand et magnifique discours qui avait produit beaucoup d’impression. Car M. Jules Simon n’est pas le premier venu ; c’est un des hommes les plus éminents de l’école philosophique, et un grand orateur.

Les circonstances paraissaient donc bien défavorables, et pourtant M. de Mun ne se découragea pas.

Une nombreuse assemblée fut convoquée, et dans un discours qui fut à chaque instant couvert d’applaudissements et d’acclamations, il mit en présence les doctrines catholiques qu’il venait leur prêcher et les doctrines philosophiques que M. Jules Simon leur avait développées. Il imagina un colloque entre le philosophe et l’ouvrier ; dans ce dialogue l’ouvrier vient ouvrir son cœur au philosophe et lui raconter ses misères.

Jugez de l’embarras du philosophe, et du peu d’effet que ses tirades philosophiques produisent sur le cœur endolori de l’ouvrier. Très peu satisfait de ses définitions du bien, de l’honnête, du devoir, il lui parle de Dieu et de l’autre vie. Le philosophe répond : que l’enfer et le ciel sont très problématiques, que Dieu n’est guère connu, réside bien loin de nous, gouverne tout sans s’occuper des détails.