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Page:Routhier - Les échos, 1882.djvu/44

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échos évangéliques

II


Quatre jours sont passés. Close, silencieuse,
La maison de Lazare a l’aspect d’un tombeau.
Mais là-bas, sur le bord de la route poudreuse,
Des voyageurs lassés marchent vers le château.
Ils s’arrêtent : l’un d’eux, assis sur une pierre,
Vers le jardin fermé regarde tristement ;
Les autres sont debout, et secouent la poussière
Qui comme un voile gris couvre son vêtement.
Ils voient avec bonheur briller enfin l’aurore,
Car ils ont voyagé pendant toute la nuit.
Les habitants du bourg sommeillent tous encore ;
Sur les chemins déserts on n’entend aucun bruit.
Mais soudain du château la grille s’est ouverte,
Et vers les voyageurs, sur la route arrêtés,
D’un long voile de deuil entièrement couverte,
Une femme s’avance à pas précipités.
Ce pélerin assis, elle croit le connaître,
Elle approche, regarde, et tombant à genoux
Elle dit en pleurant : « Je vous salue, ô Maître !
Que n’êtes-vous, Seigneur, venu plus tôt vers nous ?
Si vous aviez été dans la triste demeure
De votre ami Lazare, il ne serait pas mort !
Ô Jésus, vous n’auriez jamais permis qu’il meure !
Mais maintenant je sais que le Dieu bon et fort,
Sourd à notre prière, exauce toujours celle
Qui vient de vous, Seigneur. »