Aller au contenu

Page:Routhier - Montcalm et Lévis - drame historique en cinq actes, avec prologue et six tableaux, 1918.djvu/154

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
147
acte premier

et plus il est digne de notre amour, et de la noblesse de nos sentiments. Si vous ne partiez pas, vous baisseriez dans mon admiration, ô mon bien-aimé !

La Nouvelle-France n’était pour vous qu’un des membres de votre patrie ; et puisque la guerre en a fait l’amputation, vous devez agir à son égard comme vous le faites à l’égard de vos propres membres, perdus dans une bataille. Vous creusez un trou au pied d’un arbre, vous y enterrez le membre séparé du tronc, et vous poursuivez votre carrière sur d’autres champs de bataille.

LÉVIS

Mais c’est plus qu’un membre de mon corps que je vais laisser dans votre pays natal, c’est mon cœur ; c’est la moitié de moi-même. O Giselle, il me semble que vous ne m’aimez pas autant que je vous aime. Dites-moi encore une fois que vous m’aimez.

GISELLE

Ne vous l’ai-je pas trop dit ce mot si doux, que j’aurais dû garder au fond de mon cœur ?

Vous en souvenez-vous ? J’avais le pressentiment que la catastrophe viendrait, et qu’un abîme se creuserait entre nous !

Mais comment pouvais-je tenir mon cœur toujours fermé, quand votre amour me rendait si fière ?