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Page:Routhier - Montcalm et Lévis - drame historique en cinq actes, avec prologue et six tableaux, 1918.djvu/155

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LÉVIS

Ne vous reprochez pas ce qui nous a donné tant de bonheur.

GISELLE ouvre un tiroir, et y prend un paquet de lettres.

Voilà, Gaston, le seul souvenir que je garderai de vous. Ce sont vos chères lettres, vos douces lettres, datées de vos lointaines campagnes.

En voici une écrite de Carillon, au lendemain de votre glorieuse bataille. La gloire n’éclipsait pas l’amour, et vous pensiez à moi, dans ces grands jours où tant de travaux et de fatigues auraient dû me faire oublier.

Je l’ai relue ce matin. Touchez-là, elle est encore toute mouillée de mes larmes.

LÉVIS

Chère amie, pourquoi donc nous séparons-nous ?

GISELLE

Ce n’est pas nous qui nous séparons ! C’est la Providence qui nous sépare, comme elle sépare les deux Frances !

La vie humaine est pleine de ces cruautés. Mais la séparation n’est pas la mort, ni l’oubli.