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Pour sa part, Bigot s’embarqua à Québec le 18 octobre 1760, sur le navire le James. Moins d’un an plus tard, le 13 octobre 1761, le roi donnait ordre de l’enfermer à la Bastille et il y entra le 17 novembre suivant. Pourquoi ce délai d’un mois entre le mandat d’arrestation et la détention ? La justice royale était parfois plus que bénévole. Voulait-elle permettre à l’intendant infidèle de cacher ses biens ? On aurait presque le droit de le croire.

L’arrêt royal du 12 décembre 1761 ordonnait de faire le procès de tous ceux qui, dans la colonie de la Nouvelle-France, avaient volé le roi. Les juges devaient être au nombre de vingt-sept, sous la présidence de M. de Sartine. L’instruction dura plus de quinze mois. Cinquante-quatre individus subirent leur procès, mais tous n’avaient pas été arrêtés et plusieurs furent jugés par contumace.[1]

François Bigot fut prisonnier à la Bastille jusqu’au milieu de décembre 1763, soit un peu plus de deux années.

Le régime de la célèbre prison était un mélange assez curieux de sévérité et de douceurs. Ainsi, le prisonnier de haute marque pouvait y amener son valet de chambre, et c’est ce que fit Bigot. Mais ce domestique devenait prisonnier comme son maître et ne pouvait plus communiquer avec le dehors.

  1. Dussieux, dans son ouvrage Le Canada sous la domination française, porte le nombre des accusée à cinquante-cinq. La liste officielle, cependant, n’en donne que cinquante-quatre.