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Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/295

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ingénieurs qui avaient passé par les écoles de l’État. De là, sa petite opinion de M. de Lotbinière comme ingénieur.

Montcalm ne se contente pas de nier les qualités d’ingénieur de M. de Lotbinière. Dans son Journal comme dans ses lettres à ses amis intimes il insinue à plusieurs reprises que M. de Lotbinière s’enrichissait aux dépens du Roi.

Nous voulons bien croire que M. de Lotbinière retira quelques profits des constructions de forts qu’il conduisait mais il nous est difficile d’admettre qu’il était le grand voleur que laisse soupçonner Montcalm. Au procès de 1763, il n’est pas une seule fois question des gros profits de M. de Lotbinière : Bigot, lui-même, si pressé de rejeter la faute sur les autres ne parle pas une seule fois de l’ingénieur de Lotbinière. Le fort de Carillon, entr’autres constructions militaires, coûta un prix énorme pour le temps, mais il ne faut pas oublier que les matériaux étaient transportés par terre de Montréal à la rivière Richelieu puis de là par eau jusqu’à Carillon. Les mêmes dépenses se renouvelaient pour le transport des soldats et manœuvres nécessaires à ces travaux. Ce que la machine moderne fait en une heure demandait alors le travail de quelques douzaines d’hommes pendant des jours et des jours. Le fort de Carillon, pour ne parler que de celui-là, était muni d’une artillerie relativement forte. A-t-on calculé ce que coûtait par terre le transport d’un canon de bonne pesanteur, à travers