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Page:Roy - Bigot et sa bande et l'affaire du Canada, 1950.djvu/87

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payés moitié de leur valeur à ceux qui les avaient tirés ont été ensuite employés en totalité au préjudice du Roi dans les états de consommation quoique la fourniture des dits billets fut purement fictive.

Cadet avait toujours été d’une activité dévorante. Il ne perdit pas cette qualité après sa sortie de la Bastille. Il voulut se livrer à la spéculation. Il acheta des seigneuries, des terres, des châteaux en ruine qu’il répara à grands frais pour les revendre avec bon profit. Mais l’incompétence d’un associé en qui il avait mis trop de confiance finit par lui faire perdre à peu près toute la fortune acquise au Canada.

À sa mort arrivée en 1781, Cadet qui avait brassé des millions était presque insolvable.[1]

Au temps où vivait Cadet, la suprême ambition du parvenu était de faire précéder son nom de la particule et de le faire suivre d’un nom de terre ronflant. Plusieurs des amis et commensaux de Cadet dans la colonie avaient des noms qui excitaient son ambition. Aussi Varin s’intitulait sieur de la Marre ; Martel prenait le titre de sieur de Saint-Antoine et de Magesse, Péan signait souvent Péan de la Livaudière, Lemoine était sieur Despins, etc., etc.

Établi en France, Cadet vit mieux encore. Il coudoya des barons, des comtes, des marquis, des

  1. La carrière aventureuse de Joseph Michel Cadet a été racontée par un écrivain français M. Alfred Barbier.