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moment de la naissance : l’enfant, au contraire, croît toujours de moins en moins jusqu’à l’âge de puberté, auquel il croît, pour ainsi dire, tout d’un coup jusqu’à la hauteur qu’il doit avoir. Le fœtus bien formé, toutes ses parties bien développées, c’est-à-dire, à un mois, a un pouce de hauteur ; à deux mois, deux pouces un quart ; à trois mois, trois pouces & demi ; à quatre mois, cinq pouces & plus ; à cinq mois, six pouces & demi, ou sept pouces ; à six mois, huit pouces & demi, ou neuf pouces ; à sept mois, onze pouces, & plus ; à huit mois, quatorze pouces ; à neuf mois, dix-huit pouces[1]. Le fœtus croît donc de plus en plus dans le sein de la mère : mais s’il a dix-huit pouces en naissant, à la fin de la première année, il n’aura grandi que de six à sept pouces au plus, & il aura vingt-quatre ou vingt-cinq pouces ; à deux ans, il n’en aura que vingt-huit ou vingt-neuf ; à trois ans, trente ou trente-deux au plus, & ensuite il ne grandira guère que d’un pouce & demi ou deux pouces par an, jusqu’à l’âge de puberté. Le fœtus croît donc plus en un mois, sur la fin de son séjour dans le sein de la mère, que l’enfant ne croît en un an, jusqu’à cet âge de puberté, où la nature semble faire un effort pour achever de développer & de perfectionner son ouvrage, en le portant, pour ainsi dire, tout-à-coup au dernier degré de son accroissement.

Le même principe qui avoit produit l’accroissement & le développement du fœtus, continue d’agir sur les parties molles de l’enfant. Le mouvement d’impulsion que le cœur communique à toutes les parties de proche en proche, les distend proportionnellement à leur résistance ; à mesure qu’il croît, cette résistance augmente : les unes résistent plus que les autres ; les parties osseuses, ou qui doivent le devenir, plus que les membraneuses, ou qui doivent toujours demeurer telles. La force dont le cœur a besoin pour surmonter cette résistance, consiste & dépend de son irritabilité, ou du pouvoir de se contracter lui-même à l’attouchement d’un liquide : à mesure que les vaisseaux & les solides cèdent à l’impulsion du cœur, la nutrition vient consolider & fortifier chaque fibre en particulier ; & comme tout le corps n’est qu’un assemblage de fibres différemment figurées & combinées, l’accroissement partiel devient l’accroissement total. Les fluides promenant les molécules nutritives, chaque fibre s’incorpore des molécules étrangères qui l’étendent en tout sens, & cette extension est son développement. Cette incorporation se fait toujours dans un rapport direct à sa nature propre ou à sa constitution particulière. Sa structure renferme donc, comme le pense M. Bonnet de Genève[2], des conditions qui déterminent par elles-mêmes l’assimilation : mais en croissant, la fibre

  1. Toutes ces mesures sont des termes moyens déterminés sur des proportions prises dans différens sujets.
  2. Contemplation de la nature.