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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/250

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Nous n’entrerons pas dans de plus longs détails sur les acides : ils sont absolument du ressort de la chimie ; & nous renvoyons aux mots Fermentation, Gas, Vinaigre, l’exposé des recherches faites, jusqu’à présent sur l’air fixe & l’acide du vin. M. M.


§. V. Des Acides considérés relativement à leurs effets en Médecine.

Ici le mot acide est pris sous deux acceptions différentes : ou comme la cause de quelques maladies, ou comme le remède des maladies opposées, c’est-à-dire des maladies alkalescentes, putrides, scorbutiques, &c.

Les acides contenus dans les premières voies, chez les adultes, excitent des rapports aigres, des tiraillemens, des picottemens douloureux ; ils vont même quelquefois jusqu’à la cardialgie. Parvenus aux intestins, ils occasionnent des diarrhées, souvent terminées par la dyssenterie. La magnésie, la craie, une légère eau de chaux, les coquilles d’œufs & d’huitres calcinées, en un mot toutes les terres absorbantes, sont les remèdes indiqués dans ces cas. Ces substances alkalines s’unissent dans l’estomac avec les acides qu’il contient en surabondance ; & de leur union il en résulte un sel neutre, & ce sel est purgatif & agit comme tel. Si ces moyens sont insuffisans, il faut recourir à l’émétique.

Les enfans sont très-sujets à l’acidité, parce que leurs alimens sont de nature à devenir acides, à aigrir dans l’estomac. On reconnoît qu’un enfant est tourmenté par l’acidité, lorsqu’il est inquiet, qu’il s’agite, se courbe, gigotte des pieds, crie par accès, dort mal, crie après le teton & le laisse aussitôt. Dans cet état les selles sont verdâtres, ou le deviennent bientôt. Ses linges sont teints de couleur verte lorsqu’ils sont secs. L’enfant exhale une odeur aigre, ainsi que les rots qu’il pousse de tems en tems. Si cet état dure, les excrémens tiennent d’une nature dyssentérique. Lorsqu’un enfant lâche plus d’urine que de coutume, il a des tranchées. On doit regarder ce symptôme comme un effet probable de la constipation. De prompts secours sont nécessaires, autrement les tranchées se termineroient par des convulsions. Un enfant qui a des tranchées, ne veut ordinairement pas teter. Si on le tient droit devant sa nourrice, il prend volontiers le teton & tete jusqu’à se rassasier. On doit ces excellentes observations à M. Buchan, docteur en médecine à Édimbourg. Son ouvrage intitulé, Médecine domestique, a été traduit en françois par M. Duplanil, son ami, & la traduction est fort bien faite.

Le traitement curatif se réduit à supprimer le lait, à le suppléer par du bouillon foible & avec du pain léger, & lui procurer de l’exercice. On a coutume, dans ces cas, de donner les substances absorbantes ; mais il est à craindre qu’elles ne s’arrêtent dans les intestins & n’y occasionnent la constipation, toujours dangereuse pour les enfans, & des obstructions dans le ventre lorsque la dose a été un peu forte. Il vaut mieux employer la magnésie mêlée avec les alimens.

Si l’acidité a produit des coliques, un léger lavement émollient (voyez