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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/329

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soixante livres, le pied cubique d’eau commune pesant soixante-dix livres ; pression, à la vérité, qui varie à proportion que la pesanteur spécifique de l’air varie, & qu’il se trouve plus ou moins élevé dans le baromètre. Mais il faudroit un bien moindre poids pour écraser le corps de l’homme & de tous les animaux, si l’air renfermé dans les poumons, & dans toute la capacité, n’étoit en équilibre avec l’air extérieur, & par son élasticité naturelle, ne contre-balançoit sans cesse l’effort de l’air environnant.

Plusieurs savans ont attribué le mouvement de la séve dans les végétaux, au mouvement de compression & de dilatation de l’air dans les trachées & les vaisseaux à air que l’on remarque dans les plantes. L’air qui y est contenu se dilatant & se resserrant alternativement à mesure que la chaleur augmente ou diminue, contracte & relâche tour à tour les vaisseaux, & procure ainsi la circulation de la séve & des fluides. (Voyez séve)

L’effet de l’air que nous venons de remarquer dans les plantes, se retrouve avec plus d’énergie encore dans les organes de la respiration des animaux ; & c’est au ressort de ce fluide, qui se dilate par la chaleur qu’il éprouve dans les poumons, qu’il faut attribuer la facilité avec laquelle le sang circule dans ce viscère ; il s’y rafraîchit, s’y combine avec une portion d’air, & y reçoit son dernier degré de perfection.

La pesanteur de l’air oblige les sucs nourriciers de pénétrer les graines & les racines : son ressort hâte la germination & la végétation.

Mais où l’élasticité de l’air se montre avec le plus d’énergie, c’est lorsque, renfermé dans quelques cavités & échauffé, il se dilate brusquement & force tous les obstacles qui s’opposent à son échappement. Dans les volcans, raréfié par ces incendies effrayans, il lance, à de très-grandes distances, les corps les plus solides & les plus pesans.

C’est encore à son ressort combiné avec sa pesanteur, qu’il faut attribuer la suspension de la liqueur dans la pompe des celliers, destinée à puiser du vin dans un tonneau le jeu des siphons, soit simples, soit doubles, & le méchanisme des pompes élévatoires. Mais comme le détail de ces objets tient plus à la physique proprement dite, qu’à l’économie, nous renvoyons aux Livres de Physique qui en parlent.

L’air, tel que nous l’avons considéré jusqu’à présent, devroit être un fluide pesant, élastique, simple & homogène ; mais il s’en faut de beaucoup que la nature nous l’offre tel que nous l’avons supposé. La masse d’air, dans le sein de laquelle nous vivons, que nous respirons sans cesse, qui enveloppe la surface du globe, est un mélange des émanations de toutes les substances. Ce réservoir commun est connu particulièrement sous le nom d’atmosphère ; son analyse, ses propriétés son influence, ses variations, les instrumens destinés à les suivre & à les indiquer avec précision, sont autant de connoissances indispensables & nécessaires à un grand cultivateur. (Voyez Atmosphère)

Depuis quelques années, les recherches des savans se sont presque uniquement dirigées vers une substance aériforme qui paroît être