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combinée avec tous les corps, & jouer un très-grand rôle dans la nature ; ses différentes modifications, ses propriétés, lui ont fait donner divers noms, mais surtout celui d’air fixe. Tantôt pur, tantôt méphitique, quelquefois inflammable, ce fluide se découvre abondamment dans le règne végétal. Certainement principe des fermentations, peut-être celui de la végétation ; jouissant de quelques propriétés de l’air atmosphérique, mais ayant à lui des qualités distinctes ; n’étant pas proprement l’air, mais entrant dans sa composition ; par sa combinaison avec lui, devenant agent & moteur presqu’universel, mais ne le remplaçant jamais ; ce fluide, cette substance aériforme peut & doit mériter toute l’attention de quiconque veut lire avec fruit dans le grand livre de la nature : nous tâcherons de suivre sa marche, ses effets, ses modifications dans un article particulier ; & comme les chimistes ont réuni sous l’unique dénomination de gaz toute la doctrine de ces différens airs, nous adopterions volontiers ce mot générique, si celui d’air fixe n’étoit encore plus commun. (Voyez §. V. de l’Air considéré comme fixé)

§. IV. De l’Air, considéré comme partie constitutive des plantes, & nécessaire à leur entretien.

Jusqu’à présent nous n’avons guère considéré l’air que généralement, sans entrer dans aucuns détails circonstanciés ; mais il joue un trop grand rôle dans la végétation, pour que nous n’examinions pas scrupuleusement ses effets & son action sur l’économie végétale. On peut réduire aux questions suivantes tout ce qu’il y a à dire sur cet objet. 1.o Existe-t-il de l’air dans les plantes ? 2.o Par quel organe y pénètre-t-il ? 3.o Dans quel état y existe-t-il, & quel est son effet ?

Section première.

Existe-t-il de l’Air dans les plantes ?

Presque tous les auteurs qui ont anatomisé les plantes, ont remarqué qu’il régnoit, dans le bois proprement dit, dans les feuilles & les pétales, des vaisseaux qu’ils ne retrouvoient point dans l’écorce & le liber. Ces vaisseaux nommés trachées, ont une forme spirale, & s’élèvent des racines jusqu’aux extrémités de la tige. Grew assure avoir encore observé dans les feuilles, quantité de vésicules remplies d’air. De cette observation & des trachées que l’on distingue facilement sans l’aide du microscope, presque tous ont conclu que ces vaisseaux & ces vésicules étoient de vrais poumons par lesquels les plantes inspiroient & expiroient l’air nécessaire à leur végétation. Toutes les parties des plantes soumises aux expériences pneumatiques, laissent échapper des bulles d’air en assez grande quantité. Les expériences de M. Hales démontrent clairement que presque le tiers des parties solides des végétaux se change en air élastique par l’action du feu ; il s’en échappe un volume très-considérable des matières végétales en fermentation. Pour avoir une idée de cette immense quantité, nous citerons quelques expériences de M. Hales. Vingt-huit pouces cubiques de pommes écrasées, recouverts d’eau,