Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/605

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

par ces alimens altérés est mauvais, & il communique au sang cette qualité.

5o. L’abus des liqueurs spiritueuses. Les spiritueux contiennent peu d’air ; ils retardent la fermentation nécessaire dans l’estomac pour la digestion, & empêchent que l’air fixé dans les alimens ne se dégage.

6o. Une grande quantité de bile. C’est le fluide du corps humain le plus enclin à la putridité ; il contient peu d’air. Si elle est en trop grande quantité, ou si elle est de mauvaise qualité, elle augmente trop le mouvement de fermentation commençante dans les voies de la digestion, & elle dispose le résultat de la digestion à la putréfaction.

7o. Le mouvement trop ralenti de nos humeurs. Ce qui est putride dans nos humeurs, n’est point alors chassé au dehors ; il gâte ce qui est sain, & la putridité gagne de proche en proche.

8o. Le mouvement trop accéléré de nos fluides. C’est ce que produit la chaleur trop forte. (Voyez plus haut)

9o. L’air chaud & humide, concourant ensemble, accélèrent la putridité, ce qui produit des maladies putrides épidémiques, pestilentielles, quand cet état de l’air dure long-tems.

10o. Un air chargé d’exhalaisons putrides, & qui n’est pas assez renouvelé. On a vu plus haut qu’un morceau de viande se corrompt plus vite dans un vase fermé, que dans l’air libre, & l’expérience démontre tous les jours cette vérité, dans les lieux bas, humides & marécageux, qui ne sont pas exposés au vent, où beaucoup de plantes se putréfient. Ces parties putrides répandues dans l’air qu’on respire, sont reçues dans les pores de la peau & du poumon, & vont communiquer au sang leurs mauvaises qualités.

11o. Le tempérament. Les gens d’un tempérament bilieux & sanguin, ceux qui font trop d’exercice, & ceux qui n’en font pas assez, qui mangent beaucoup, qui souffrent la faim, qui abusent des liqueurs spiritueuses, qui usent de mauvais alimens, qui mangent beaucoup de viande, & peu ou point de végétaux, qui habitent les villes, les pays chauds, les lieux humides, marécageux ; enfin, ceux qui respirent un air putride, sont les plus exposés aux maladies de putréfaction. De fameux médecins ont observé que la peste est plus rare en Europe, depuis que l’on use davantage de végétaux & de sucre.

Or, toutes ces causes de putridité peuvent, dans une personne disposée à la contracter, agir séparément, ou plusieurs ensemble ; elles peuvent produire la pourriture dans une partie de la machine, ou dans toutes les parties du corps ; elles peuvent se borner aux fluides, ou s’étendre jusqu’aux solides. Les effets qui en naîtront se manifesteront dans une partie externe, ou dans les premières voies de la digestion, ou dans la masse du sang ; ce qui nécessite trois articles.

1o. Usage des antiseptiques dans les maladies produites par la putréfaction qui affecte une partie externe.

2o. Usage des antiseptiques dans les maladies qui sont occasionnées par la putridité qui a son siège dans les premières voies.