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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1781, tome 1.djvu/606

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3o. Usage des antiseptiques dans les maladies où la masse du sang elle-même est dans un état putride.

Avant d’examiner ces trois classes de maladies putrides, disons un mot de la manière d’agir en général des antiseptiques.

Pour connoître la manière d’agir des antiseptiques en général, il faut savoir que toutes les parties de l’animal vivant tendent perpétuellement à la putréfaction ; car la formation du sang, & le changement des alimens en la substance du corps animé, ne peuvent se faire sans un commencement de putréfaction, & ce commencement de putréfaction a besoin d’être contenu dans de justes bornes, car s’il est pouffé trop loin, les maladies de putréfaction paroissent. La nature, qui veille sans cesse à sa conservation, oppose à ce mouvement de putréfaction commençante, les mouvemens de différentes liqueurs produites par le sang, & ce mouvement est connu sous le nom de mouvement vital ; il empêche que l’air élémentaire fixé dans nos parties n’en sorte ; & par un effet de ce même mouvement vital, les différentes substances qui, après avoir séjourné dans un lieu chaud & humide, comme le corps, commençoient à se putréfier, sont expulsées au-dehors par les selles. Le produit de la digestion (le chyle) remplace aussitôt ce que le corps a perdu, & s’oppose au progrès de la putréfaction : les jeunes sujets sont moins exposés aux maladies de putréfaction, que les sujets avancés en âge, parce que chez les premiers le mouvement vital est dans toute son activité, tandis qu’il est foible & languissant chez les seconds, & proportionné à l’âge.

L’air intérieur fixé dans nos parties, qui leur sert de ciment, qui donne la force au solide, & la consistance aux fluides, tend continuellement à s’échapper, comme nous l’avons dit plus haut : mais la nature oppose ses forces à celles qu’il emploie ; & par l’air que le chyle contient, & par celui que nous respirons, qui doit être de la plus grande pureté, & par celui que fournissent les alimens dont nous faisons usage, elle s’oppose non-seulement à la sortie de l’air fixé dans les parties, mais elle en remplace les portions qui se sont échappées ; & l’ordre, l’équilibre, & la santé qui n’est que le produit des deux premiers, se maintiennent.

Mais si, par quelques-unes des causes énoncées plus haut, la perte de l’air fixé excède la réparation qu’en fait la nature, l’équilibre est dérangé, la santé s’altère, & la maladie paroît ; les fluides sont dissous, les solides sont affoiblis, la putréfaction donne des signes de son commencement, & delà toutes les maladies putrides, & l’indispensable nécessité de recourir à des médicamens capables d’empêcher la sortie de l’air fixé, & de réparer la perte de cet élément.


I. Usage des Antiseptiques dans les maladies produites par la putréfaction qui affecte une partie externe.

On doit se ressouvenir que dans le commencement de cet article, nous avons admis quatre degrés dans la putréfaction : la nature suit la même marche dans la putridité des parties externes.