Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/119

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

l’avons déjà fait remarquer plus d’une fois, & porte toujours la jambe malade en avant dans le repos, ce qui annonce l’embarras qu’occasionnent les liqueurs stagnantes & extravasées, tandis que dans l’autre, les symptômes qui le caractérisent, se réduisent à l’enflure de la partie, & à la douleur que l’animal ressent, lorsqu’on tente de lui mouvoir le bras en avant ou en arrière.

Traitement. Il faut procéder à la cure de l’écart, en étayant sa méthode sur la considération de l’état actuel du cheval, & sur les circonstances qui accompagnent cet accident.

1°. Si sur le champ que le cheval vient de prendre un écart, on est à portée de mettre le cheval à l’eau, & de l’y laisser de manière que les parties affectées soient plongées dans la rivière, on l’y laissera demi-heure, ce répercussif ne pouvant produire que de très-bons effets.

2°. À la sortie du bain on saignera l’animal à la veine jugulaire, & non pas à la veine céphalique ou de l’ars, ainsi que nous le voyons pratiquer journellement par les maréchaux de la campagne, par la raison que cette saignée en cet endroit, favorisant l’abord impétueux & abondant des humeurs sur une partie déjà affoiblie & souffrante, devient plus nuisible que salutaire.

3°. La saignée pratiquée, on mettra en usage les topiques résolutifs, aromatiques & spiritueux, tels que les décoctions de sauge, d’absynthe, de lavande, l’eau-de-vie camphrée ; ces remèdes donnant du ressort aux parties, prévenant l’amas des humeurs, parant aux engorgemens, atténuant, divisant les fluides déjà épaissis, remettant les liqueurs stagnantes & coagulées dans leur état naturel, & les disposant à passer par les pores ou à regagner le torrent de la circulation, il est à observer qu’ils sont préférables à l’huile de laurier, de scorpion, des vers, de pétrole, de térébenthine, à l’onguent d’althea, que l’on a continué d’employer en pareil cas.

4°. Si la douleur est telle, qu’elle excite un éréthisme dans tout le genre nerveux, & qu’elle dérange la circulation au point de donner la fièvre à l’animal, les lavemens émolliens, les fomentations émollientes, un régime humectant & rafraîchissant, s’opposeront à tous ces accidens.

5 °. Mais si le mal a été négligé, si les engorgemens ont été extrêmes, s’il y avoit surabondance des humeurs dans l’animal au moment de l’écart, si l’animal n’avoit pas jeté sa gourme ; si, en un mot, les liqueurs épaisses & extravasées dans l’intérieur du bras & de l’épaule, ne peuvent pas être repompées, il faut avoir recours aux maturatifs, à l’effet de donner du mouvement à ces mêmes liqueurs, de les cuire, de les digérer, & de les disposer à la suppuration : pour cet effet, on oindra le bras en-dehors de côté & principalement à l’endroit de l’ars, c’est à-dire, à la partie supérieure latérale interne de l’avant-bras, avec de l’onguent basilicum, ou bien, si l’on veut couper plus court, on y passera un séton, (voyez Séton) car il faut absolument dégager & débarrasser le membre affecté d’une humeur qui lui ravit son action & son jeu ; la matière ainsi écoulée, on peut en venir à l’application d’une charge résolutive fortifiante, (voy. Charge)