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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/135

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il enleva tout l’épiderme d’un tronc de cerisier, & laissa la plaie exposée à l’air : la partie de l’écorce qui étoit sous cet épiderme, se dessécha d’abord & s’exfolia ainsi que la couche suivante ; mais au bout de deux ou trois exfoliations, il parut une substance farineuse, qui offrit enfin un épiderme nouveau, qui recouvrit tout le tronc écorché.

La reproduction de l’épiderme nous conduit naturellement à rechercher sa première origine. Quelques auteurs ont pensé qu’elle n’étoit due qu’à l’action de l’air qui desséchoit les vésicules dont ils croyoient l’épiderme formé ; mais le microscope m’ayant assuré que l’épiderme est fibreux comme le reste de la plante, je crois, avec Grew, qu’il n’est absolument que la cuticule qui recouvre la plume dans la graine & qui croît, s’étend & se développe avec lui. On en sera encore plus convaincu, si l’on fait attention que l’épiderme, cette membrane qui paroît si sèche, est susceptible d’extension en toutes sortes de sens, & qu’elle peut acquérir une très grande surface avant que de se rompre. Cette faculté de pouvoir se dilater à mesure que l’arbre grossit, n’est pas la même dans tous les épidermes ; quelques-uns même semblent ne pouvoir supporter le travail de toute une année, sans se rompre en lambeaux & en filets. L’épiderme des platanes, du bouleau, de la vigne, des groseilliers se fendille & se détache assez régulièrement à chaque renouvellement d’année. Ce n’est cependant pas une loi générale & absolue pour ces arbres & arbrisseaux, car j’ai observé quelquefois des parties entières d’épiderme de bouleau même qui ne se dépouilloient qu’après deux ou trois années. La dépouille du platane paroît aussi être successive. Mais que nous sommes encore loin d’avoir fait des observations, & assez nombreuses, & assez exactes pour constater tous les détails de cet intéressant phénomène botanique !

Non-seulement l’épiderme des corolles & des feuilles, mais encore celui des branches & des troncs n’est pas de la même couleur dans tous les végétaux. Presque toujours transparent, il influe beaucoup sur l’intensité de la couleur du parenchyme & de l’enveloppe cellulaire ; &, comme l’a très-bien observé M. Duhamel, l’épiderme lui-même est de couleur différente sur les arbres de différente espèce, & sur les différentes parties du même arbre. Il paroît blanc & brillant sur le tronc des bouleaux, plus brun sur les jeunes branches ; gris & cendré sur le prunier ; roux & argenté sur le cerisier ; vert sur les jeunes branches de l’amandier & du pêcher ; cendré sur ses grosses branches ; brun-jaunâtre sur le pommier & le maronnier ; blanchâtre sur la vigne ; brun-verdâtre sur la plus grande partie des arbres, & vert au contraire sur presque toutes les plantes & sur les jeunes pousses des arbres.

L’usage de l’épiderme dans l’économie végétale, est de défendre tout l’individu des injures des météores, de retenir les sucs nourriciers, & de ne laisser passer à travers ses pores, que les fluides que l’acte de la végétation pousse en dehors, du centre à la circonférence.