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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/136

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Quand ces sucs, ces fluides ne s’évaporent pas assez vite, qu’ils se déposent dans les pores de l’épiderme, ils s’échauffent bientôt, fermentent, s’altèrent & altèrent en même temps la substance même de l’épiderme. (Voyez ce que nous avons dit au mot Eau, de l’avantage de la pratique ce laver & nettoyer les troncs des arbres au moins tous les cinq ou six ans.)

2°. L’enveloppe cellulaire. Immédiatement au-dessous de l’épiderme, le premier corps que l’on apperçoit est une substance charnue & succulente, ordinairement d’un vert terne & foncé. C’est une prolongation du tissu cellulaire, du parenchyme qui vient terminer ses ramifications contre l’épiderme. Un petit morceau de cette substance, enlevé & vu au microscope, paroît exactement comme une éponge criblée de trous remplis d’une matière colorée, & qui, suivant mon idée, (voyez Couleur des plantes) est le principe des couleurs variées qui nous charment dans le règne végétal. Si l’on presse un peu cette substance, vous voyez suinter ce suc colorant. Les pores sont formés dans l’enveloppe cellulaire, par les ramifications d’un nombre infini de fibres, de vaisseaux ou fibres qui se croisent, s’entrelacent & s’anastomosent en toutes sortes de sens. La comparaison de l’éponge sera parfaitement exacte, si l’on suppose que chaque séparation, chaque cloison dans l’éponge est formée par une ou deux, ou plusieurs fibres appliquées les unes contre les autres. Voilà du moins ce que l’enveloppe cellulaire du sureau, une des plus succulentes & des plus apparentes, m’a offert au microscope. Suivant le sentiment de Malpighi, & d’après ses observations, on pourroit conclure que ce n’est qu’un amas d’utricules, ou de petits globules ; mais il faut bien distinguer les utricules & le parenchyme : le parenchyme renferme les utricules, elles sont logées souvent dans ses pores, dans les interstices, comme elles se retrouvent dans les mailles du réseau & des couches corticales. Il paroît que la destination de l’enveloppe cellulaire est 1°. de retenir autour de l’écorce une certaine humidité qui l’empêche d’éprouver trop directement l’action de la chaleur, & de lubrifier tous les vaisseaux excrétoires qui viennent se rendre à l’épiderme ; 2°. d’être une matière toujours prête à la réparation de l’épiderme, comme nous l’avons observé plus haut.

Couches corticales. Les couches corticales, placées au-dessous de l’enveloppe cellulaire & au-dessus du bois, sont autant de zones concentriques qui, à proprement parler, constituent l’écorce. Ces couches sont composées d’une infinité de fibres, disposées parallèlement à l’axe de l’arbre ou de la plante. Toutes ces fibres ne sont pas de même nature, & tous ceux qui ont étudié un peu l’anatomie des plantes, en ont reconnu de deux espèces, les vaisseaux lymphatiques & les vaisseaux propres. L’ordre admirable avec lequel ces différens vaisseaux sont entrelacés & liés, pour ainsi dire, mérite toute l’attention d’un observateur de la nature. Avant que d’expliquer l’emploi de ces vaisseaux, nous allons donner une idée de leur arrangement & de leur disposition ; que