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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/14

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une de ces farines ; ainsi que des noix. Dans les provinces où les châtaignes sont très-abondantes, on choisit les plus petites qu’on pèle & fait cuire ; on bourre l’animal de nourriture, & il en faut beaucoup. Il est aisé de juger de la rapidité de sa digestion par le fait suivant. M. Bowles, aussi grand minéralogiste qu’excellent observateur, rapporte dans son Histoire naturelle d’Espagne, une expérience qu’il a faite, & il s’explique ainsi : Les dindons viennent en si grande quantité de la Vieille Castille à Madrid, qu’il n’est pas nécessaire d’être riche pour en manger. Ces dindons sont très-bons, mais on pourroit les rendre encore plus délicats, en les engraissant avec des noix comme on fait à Saint-Chaumont. J’en ai répété l’expérience à Madrid, & je m’en suis bien trouvé. Je commençai à donner à chaque dindon, vingt noix entières par jour en deux fois, en augmentant de dix noix tous les jours, jusqu’à leur en donner cent vingt en un seul jour. Cette expérience dura douze jours, au bout desquels on tua le dindon, qui se trouva très-délicat. Il faut lui faire avaler ces noix une à une, en lui glissant la main le long du cou, jusqu’à ce qu’on sente que la noix a passé l’œsophage. On ne doit rien craindre dans cette opération, parce que le dindon n’en souffre pas ; il est au contraire fort tranquille. J’ai observé que douze heures après, le dindon avoit déjà parfaitement digéré jusqu’aux moindres particules de la coquille, sans qu’il lui en restât le plus petit vestige ni dans le jabot ni dans estomac.

IX. De leurs maladies. On ne peut pas regarder le rouge comme une maladie, mais plutôt comme un effort fait par la nature, afin de perfectionner les organes & le sexe de l’animal : le tenir chaudement ainsi qu’il a été dit, lui donner un peu de vin, est le traitement qui convient.

Si les dindons couchent dans un lieu froid & trop humide, l’articulation de la patte à la cuisse s’engourdit, ainsi que celles des doigts à la patte ; à peine peuvent-ils les plier. Les dindonneaux y sont plus sujets que les dindons ; changez leur demeure, & lavez les doigts & les pattes avec du vin chaud. Cette maladie est dans quelques endroits, appelée la goutte.

La Pepie les affecte cruellement. On la connoît à la langue, où l’on voit la surpeau desséchée, racornie, prendre une couleur blanche ou jaune. Elle enveloppe la langue comme une épée l’est par le fourreau. Cette maladie en fait périr beaucoup. Est-elle due à la privation de l’eau ? On le dit, & je ne le crois guère depuis que j’ai vu des dindons avoir la pepie, quoiqu’ils n’eussent jamais manqué d’eau : le moyen de la guérir consiste à détacher légèrement cette peau devenue nuisible, avec la pointe d’une épingle ; parce qu’elle les empêche de boire & de manger ; une fois détachée, il en repousse une autre.

L’Engourdissement. Lorsque les dindonneaux sont surpris par une pluie froide, ils restent sans mouvement ; il faut alors leur souffler de l’air chaud dans le bec, les envelopper de linges chauds ; & lorsqu’ils reprennent des forces, leur faire avaler quelques gouttes de vin.

La Clavelée ; comparaison sans