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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/186

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blement sa vertu électrique ; & qu’elle le décharge presqu’entièrement de l’électricité que le globe ou le plateau lui fournissoient. Les pointes, dans ces expériences, opèrent sans bruit & sans éclat ; seulement dans l’obscurité on apperçoit à l’extrémité de la pointe un petit point lumineux. C’est le contraire des corps mousses qui agissent avec fracas, & qui tirent des étincelles d’autant plus violentes, que le corps est plus mousse. Cette propriété des pointes a été employée très-avantageusement pour soutirer le tonnerre des nuages, & en défendre les grands édifices, comme nous le verrons plus bas.

Tels sont, en général, les principaux phénomènes que l’électricité artificielle offre aux yeux de l’observateur physicien, & dont l’explication n’est pas toujours aussi facile qu’elle le paroît d’abord, mais dont la connoissance est absolument nécessaire pour bien entendre tout ce que nous allons dire, & sur l’électricité naturelle, & sur son influence dans l’économie animale & végétale. Nous en avons passé sous silence un très-grand nombre, aussi curieux sans doute, mais moins intéressans pour le sujet que nous traitons. On peut consulter, si on veut les connoître, l’excellent Ouvrage de M. Sigaud de Lafond, intitule : Précis historique & expérimental des phénomènes électriques.

Section II.

De l’Électricité naturelle.

Identité de l’électricité naturelle & de l’électricité artificielle. Il eût été, sans doute, beaucoup plus dans l’ordre de donner les détails des phénomènes que présente l’électricité naturelle ; mais qu’on y fasse bien attention, l’électricité qui se développe avec nos machines, n’est nullement différente de celle de l’atmosphère & de celle qui circule dans toute la nature. C’est elle qui réside dans les pores du tube, du globe ou du plateau de verre que nous frottons ; c’est elle qui existe dans tous les corps idio-électriques, comme c’est elle encore qui est enchaînée, pour ainsi dire, dans les corps an-électriques, & qui attend l’approche d’un corps électrisé, pour donner des signes de son existence. Mêmes phénomènes, même action, mêmes effets, par conséquent mêmes principes ; disons plus : dès l’instant que vous isolez absolument un corps quelconque que vous électrisez, du grand réservoir commun électrique, que nous supposons être la terre, ce corps, une fois dépouillé de son électricité naturelle, ne s’électrise plus. Pour sentir davantage cette vérité, nous ne pouvons mieux faire que de comparer nos petites électricités développées artificiellement, à une portion de fluide renfermée dans une éponge, que l’on auroit plongée dans un grand réservoir. L’eau renfermée dans l’éponge, est absolument de même nature que celle du réservoir. Si vous pressez un bout de l’éponge, tandis que l’autre trempe encore dans l’eau, elle perdra, à la vérité, une portion de l’eau, mais elle en recouvrera une équivalente en même temps ; ainsi, un corps que nous électrisons par frottement, tant qu’il communique à la terre médiatement ou immédiatement, perd une partie de son électricité, en même temps qu’il en reprend une nouvelle de la terre. Si, au contraire,