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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/187

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on sépare l’éponge entièrement du réservoir, & qu’on la comprime fortement, toute l’eau qui étoit dans ses pores s’échappe, & l’éponge reste sèche ; de même le corps électrisé & isolé s’épuise bientôt, & finit par ne plus donner de signes d’électricité, tant qu’il n’a plus de communication avec le réservoir commun.

Si nous ne considérons que l’électricité en équilibre dans l’air, dans les nuages, dans la terre, il est certain que nous ne soupçonnerons pas son existence ; mais si nous faisons attention à ces instans, où l’équilibre détruit, l’électricité naturelle s’accumule sur certains objets, comme dans les brouillards, la pluie, & plus encore dans les nuées qui portent dans leur sein les éclairs & le tonnerre, nous la verrons bientôt produire absolument les mêmes effets. L’industrie des physiciens est venu à bout de la soutirer dans ces circonstances, de la faire descendre des cieux, & de l’obtenir dans leur cabinet, & sous leurs yeux, par le moyen de divers appareils. Avec elle, il n’est aucun des phénomènes artificiels qu’ils ne puissent obtenir, attraction, répulsion, commotion ; &c. s’il y a quelque différence, c’est du plus au moins, du grand au petit : l’électricité atmosphérique est toujours plus énergique. On en sera aisément convaincu si l’on réfléchit sur les effets du tonnerre.

Section III.

Électricité Atmosphérique.

On ne peut plus révoquer en doute, que l’air & par conséquent l’atmosphère ne soient imprégnés du fluide électrique, à peu près comme l’eau est imprégnée d’une matière qu’elle tient en dissolution ; mille expériences le démontrent tous les jours. Si l’on fait attention qu’il paroît assez vraisemblable que l’électricité n’est peut-être qu’une modification de la lumière, que la lumière remplit tout l’espace & ne l’abandonne jamais, (car pour que la lumière existe, il n’est pas nécessaire qu’elle soit lumineuse) on concevra comment l’atmosphère est toujours électrique, quoi qu’elle n’en donne pas toujours des signes apparens. Ce fluide invisible, lorsqu’il est tranquille, existe, & son action, pour se passer en silence, n’en est pas moins un des agens les plus puissans de la nature. Dans ces beaux jours même où un ciel pur laisse briller le soleil dans tout son éclat, où aucun nuage ne détourne ou ne dissipe ses rayons, le fluide électrique annonce sa présence. M. le Monier, pendant six semaines de l’automne de 1752, où le soleil ne fut éclipsé par aucun nuage, fit une suite d’observations sur l’électricité de l’atmosphère ; & durant ces jours sereins, il ne cessa d’apercevoir des signes d’électricité, foible à la vérité, car elle n’a une grande énergie que lorsqu’elle se trouve accumulée. Cet illustre académicien étoit même tellement persuadé que l’atmosphère étoit une source inépuisable de ce fluide, qu’il la regardoit, suivant son expression, comme le vrai magasin de l’électricité.

Si le fluide électrique est, pour ainsi dire, inséparable de l’air atmosphérique, on doit d’avance en conclure que tous les météores qui ont lieu dans son étendue, y participent plus ou moins, & que quelques-uns en