Aller au contenu

Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/218

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nourrissoient & ne confioient pas leurs enfans à des nourrices étrangères, avides & mercenaires, on n’en verroit pas la moitié périr, depuis leur naissance jusqu’avant l’âge de quatre ans révolus. Voyez les Tables de M. Dupré de Saint-Maur, dans l’Ouvrage de M. de Buffon.

En vain opposera-t-on que l’allaitement les expose à perdre leur santé. Il y a une exception à faire ; il faut convenir que toutes les mères ne peuvent point allaiter : celles d’un foible tempérament, d’une santé très-délicate, celles qui sont fort maigres & menacées de phthisie, en sont exemptes ; elles s’exposeroient au plus grand des dangers ; leur perte & celle de leur nourrisson en dépendroient ; ce n’est pas à elles que ceci s’adresse, mais aux mères qui préfèrent leurs plaisirs à un devoir aussi essentiel. Ces jeunes infortunés auroient éprouvé un meilleur sort, s’ils étoient nés de parens moins heureux.

Le lait est l’aliment des nouveaux-nés. Il est donc essentiel, lorsqu’une mère ne peut nourrir, de choisir une excellente nourrice ; payez bien & choisissez. Quant aux qualités que le lait doit avoir, voyez le mot Lait. Le choix des nourrices exige beaucoup attention : on doit voir si elles jouissent d’une bonne santé, & si elles ont les épaules larges ; si elles ne sont infectées ni de tache, ni de vice écrouelleux, scorbutique & vérolique. Il vaudroit mieux substituer aux enfans le lait de chèvre ou de vache, que celui d’une nourrice qui seroit souillée de quelqu’un de ces vices.

Le lait des véritables mères influe beaucoup sur le caractère des enfans. Un enfant allaité par sa propre mère, qui aura un caractère doux, sera doux comme elle ; s’il est allaité par une nourrice dont le caractère soit fâcheux, grossier, il participera de ses défauts.

Un autre avantage qu’ont les mères qui nourrissent leurs enfans, est de ne les pas voir mourir par défaut de soin & de nourriture. Une mère nourrit son enfant, une mercenaire en allaitera plusieurs à la fois, & ces malheureuses victimes de la cupidité, tombent dans un état de maigreur & de consomption, & elles périssent. Si leur tempérament est assez fort pour résister à cette épreuve, ils seront tout au moins retardés dans leur accroissement, & ce retard sera pour eux un obstacle invincible au développement de leur constitution. Tous ces inconvéniens n’arriveroient point, si les mères n’étouffoient pas le cri de la nature, & si la santé de leurs enfans les intéressoit essentiellement.

II. La propreté est nécessaire à tous les hommes, & encore plus aux enfans. Les premiers peuvent se la procurer par eux-mêmes, mais l’enfant a besoin de secours étrangers.

Rien ne favorise autant la transpiration que de changer souvent de linge. Sa suppression est la source des plus grandes maladies. Aussi la propreté des enfans doit-être un des principaux devoirs des nourrices.

Les françois qui se plaisent à imiter toutes les nations étrangères, soit dans leurs habits, soit dans leurs modes, devroient se conformer à l’usage qu’ont les anglois de faire baigner & laver, tous les jours, le