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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/220

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plus importantes est la circulation du sang ; pour qu’elle ait complètement lieu, il ne faut aucun obstacle ni en dedans ni en dehors ; le maillot en offre un bien considérable : on ne peut emmaillotter, sans comprimer le corps ; cette compression, en s’opposant à la libre circulation des fluides, empêche l’égale distribution des forces du suc nourricier dans toutes les parties, & conséquemment leur accroissement ne se fait plus dans la même proportion. Une partie acquiert trop de volume, tandis qu’une autre demeure trop petite. C’est ainsi que toute la forme du corps devient disproportionnée & défigurée. Ajoutez à cela que lorsqu’un enfant est gêné dans les liens, il cherche naturellement à s’éloigner de ce qui le blesse, & qu’en faisant contracter à son corps une posture contre nature, il acquiert, par habitude, une mauvaise conformation.

Faut-il être surpris d’entendre si souvent pleurer les enfans emmaillotés ? Les pleurs sont les seules ressources de leur foiblesse, & les cris & les gémissemens, leurs seules armes. Ils pleurent, donc ils souffrent ; rendez la liberté à leurs membres, le calme renaît, le sourire est sur leurs lèvres, & semble remercier la main bienfaisante qui les rend à l’état de nature. Malheureuses victimes ! votre bien-être est passager, & la barbare habitude va bientôt resserrer vos liens. À peine êtes-vous nées que vous êtes traitées en esclaves, & vous êtes enchaînées comme si vous aviez déjà commis les plus grands crimes !

Des Maladies ordinaires dans les six premiers mois.

I. Le cordon ombilical est formé par l’assemblage des deux artères & d’une grosse veine qui s’étend depuis ombilic de l’enfant, jusqu’au placenta ; sa longueur varie quelquefois, mais le plus ordinairement elle est d’une demi-aune.

Le cordon ombilical facilite la circulation qui a lieu entre la mère & l’enfant. Il faut observer que, pour cela, la veine ombilicale fait fonction d’artère, & que c’est par elle que le sang est transmis de la mère à l’enfant, & une partie de ce même sang, parvenue à l’aorte inférieure, retourne au placenta par les artères ombilicales, & de-là en partie dans les veines du même nom, & dans les vaisseaux de la matrice. Ce cordon, si nécessaire à la vie de l’enfant, produit quelquefois les accidens les plus fâcheux, au moment de sa sortie hors de la matrice ; il peut se trouver entortillé autour du col, & s’opposer au progrès de l’accouchement.

L’enfant n’a pas plutôt vu le jour, qu’on fait la section du cordon ombilical, & tout de suite sa ligature. Il y a néanmoins des circonstances où il faut la différer pour ramener l’enfant à la vie, sur-tout s’il ne respire pas, & si le défaut de respiration dépend d’un engorgement sanguin, d’un état de plénitude générale, soit à la tête, soir aux poumons.

On pare à cet inconvénient, en laissant évacuer une certaine quantité de sang. La ligature est, au contraire, de nécessité première, quand un enfant est affoibli, parce que sa mère a perdu beaucoup de sang. Elle peut