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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/231

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chaleur. (Voyez le mot Couche) L’effet de la chaleur est de volatiliser les fluides, de les faire évaporer ; par conséquent, plus il y aura de chaleur intérieure, mise en action par celle de l’atmosphère, & plus l’évaporation sera active. C’est la raison qui me détermine à conseiller les couches successives de terre entre celles des végétaux ; elles forment des obstacles à cette évaporation, retiennent l’humidité, & concentrent la chaleur, de manière que chaque couche a son foyer particulier, & jouit en même temps, à peu de chose près, du travail de la masse totale.

Chacun peut partir de l’un ou de l’autre de ces deux extrêmes, & les modifier suivant la région qu’il habite. Ce que je viens de dire n’est point une expérience de cabinet, semblable au grand nombre de celles qu’on a proposées ; je parle d’après ma propre expérience, & je réponds du succès.

Si, au lieu de ces couches de terre franche, on en pratiquoit avec de la marne ou de la chaux, réduites en poudre, croit-on qu’on produiroit le même effet ? Non, sans doute ; on augmenteroit simplement le principe salin ; on romproit la combinaison des principes de l’engrais végétal, le sel se trouveroit en surabondance, & par conséquent il seroit nuisible.

Outre ces engrais végétaux simples, il en existe encore d’excellens, par exemple, les marcs du raisin. L’amande renfermée dans le pépin contient une huile grasse, qu’on peut retirer par expression, & lorsqu’on la brûle, la flamme en est vive & claire : la pellicule même, après avoir servi à faire le petit vin, conserve des sels : ainsi ces substances n’ont plus besoin que de la fermentation putride, pour être converties en matériaux de la sève. Le marc des olives, des noix, des graines de colzat, de navette, de cameline, dont on a retiré l’huile, est encore un très-bon engrais, si on ne préfère pas de le faire manger aux bestiaux, celui des olives excepté.

Il est constant que si je pouvois me procurer une quantité suffisante d’engrais végétaux, je renoncerois aux engrais animaux ordinaires. Ce n’est point un paradoxe ; le tout dépend de la qualité des terres qui doivent les recevoir. Comme ceux-ci sont pailleux, leur grand avantage est de tenir la terre soulevée pendant un plus long espace de temps que les engrais végétaux bien consommés : ainsi, dans les terres fortes, ils méritent la préférence : mais, en les considérant simplement comme engrais, je dis que les premiers sont plus analogues aux plantes ; que si ces engrais animaux, bien conduits, sont réduits en terreau par une bonne décomposition, sans déperdition de principes, alors ceux-ci égalent les premiers en bonté, & méritent la préférence, parce qu’ils durent plus long-temps, & sur-tout, parce que leurs parties graisseuses, surabondantes aux parties salines, s’emparent des sels que la terre renferme naturellement, & se combinent avec eux. On doit encore ajouter, parce qu’ils contiennent une plus grande quantité d’air fixe & d’air inflammable. (Voy. ces mots)

Je ne parlerai pas ici des engrais tirés de la courbe, ou de ses cendres ; (Voyez le mot Tourbe) c’est un