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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/278

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jours, leur foie étoit plus noir qu’à l’ordinaire ; dans deux il y trouva de petites vésicules remplies d’une substance claire de la grosseur d’un pois ; les vésicules du fiel avoient deux fois la grosseur ordinaire, & étoient remplies d’une bile, dont le goût & l’odeur étoient naturels, mais plus verte encore que celle des premières ; leur pancréas étoit ridé ; quelques-unes de leurs glandes étoient très-grosses, très-dures & très-noires ; celles du mésentère étoient pour la plupart cinq fois plus grosses que le naturel ; leurs poumons étoient enflammés, & on y remarqua plusieurs vésicules qui s’y formoient ; leurs intestins étoient parsemés de taches rouges & noires ; leur chair étoit très-chaude, sans avoir changé de couleur. Les cinq derniers étoient mourans quand on les ouvrit ; leur foie étoit noirâtre, ridé & contracté, & dans trois on trouva des vésicules de la grosseur d’une noix muscade, pleines d’une substance pétrifiée, leur vésicule avoit trois fois sa grosseur ordinaire, & étoit pleine de bile d’un vert très-foncé ; leur pancréas étoit très-ridé & très-contracté ; plusieurs de leurs glandes étoient grosses, dures, molles ; celles du mésentère avoient huit ou neuf fois leur grosseur naturelle, & étoient très-noires ; il en trouva dans deux vaches qui avoient dans leurs follicules une putréfaction jaunâtre ; leurs intestins étoient de la couleur de serpent ; leur membrane interne avoit été excoriée par les purgations ; leurs poumons étoient très-enflammés & remplis de vésicules pleines d’une matière purulente jaune ; leur chair étoit extrêmement chaude, sans que sa couleur fût presque altérée.

Il trouva dans une de ces vaches la bile entièrement pétrifiée dans tous ses vaisseaux, ce qui lui donnoit l’air d’une branche de corail d’un jaune foncé très-cassant ; dans une autre, le foie couvert de taches inflammables de la largeur d’un écu, qui commençoit à se séparer comme un véritable charbon : dans une troisième, la liqueur du péricarpe avoit fait un dépôt comme l’eau de chaux, & avoit excorié toute la surface du cœur.

Quant à l’origine de cette maladie, M. Batz remarque qu’au printemps les vaches sont purgées pendant cinq ou six semaines par les plantes nouvelles ; pendant tout ce temps elles sont alertes & gaillardes, leur lait devient plus clair & d’une couleur bleue, d’un goût plus doux, & plus abondant. Le printemps qui précéda cette épizootie fut très-sec par toute l’Europe, de sorte qu’il n’y eut que très-peu d’herbes, encore furent-elles très-séches ; aussi les vaches n’en furent pas purgées à l’ordinaire, & même le plus grand nombre ne le fut point du tout ; elles ne donnèrent pas la moitié du lait qu’elles avoient coutume de donner les autres années ; il étoit plus épais, plus jaune. On remarqua même à Londres, qu’il tournoit presque tout, lorsqu’on vouloit le faire bouillir. De là M. Batz conclut que le défaut de cette purgation fut la cause de la maladie, par les obstructions qui en furent la suite, & qui, s’étant terminées par la putréfaction, la rendirent contagieuse.

Les vaches sont encore sujettes à une semblable purgation à la fin de