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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/279

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septembre, qui est produite par une cause semblable, ce qui ne contribue pas peu à prévenir les progrès de cette maladie ; car cette purgation survenant aussitôt après la première irruption du mal, garantit beaucoup de vaches de ses mauvaises suites.

Tous les moyens de guérison qu’on employa contre cette épizootie, furent inutiles : ce qui a cependant le mieux réussi, furent les saignées copieuses, & les boissons rafraîchissantes & délayantes prises en grande quantité. Comme le nombre de ces animaux morts étoit très-considérable, au lieu de les brûler, comme on va le voir dans l’Histoire des préservatifs ; on les enterroit à quinze ou vingt pieds sous terre, & on imbiboit de chaux leurs membres qu’on découpoit exprès.

Pour arrêter les progrès de l’épizootie, M. Batz proposa, 1°. d’acheter & de faire brûler tous les troupeaux attaqués de la maladie, & de tenir les autres dans des lieux séparés ; 2°. de faire bien laver les étables où étoient ces animaux, de les parfumer en y brûlant de la poix, du goudron, de l’absinthe, & de n’y remettre aucun troupeau de trois mois ; 3°. d’empêcher qu’aucun troupeau ne restât ou n’allât paître dans les champs où les troupeaux malades auroient été ; 4°. d’empêcher pareillement que les personnes qui avoient eu le soin des troupeaux malades, ne communiquassent avec celles qui gouvernoient ceux qui n’avoient pas encore été attaqués de la maladie ; 5°. qu’on ordonnât à tous les maîtres des troupeaux, qu’aussitôt qu’ils s’apperçevroient que quelques-unes de leurs vaches refuseroient de manger, ou auroient quelqu’autres symptômes de la maladie, de les séparer du reste du troupeau, d’en donner avis aux personnes qu’on proposeroit pour les brûler, & d’éloigner les autres animaux des endroits où elles alloient paître, comme il a déjà été dit ci-dessus ; 6°. qu’on obligeât les propriétaires des troupeaux de diviser leurs bêtes, de façon à n’en laisser que dix ou douze ensemble.

En 1742, il régna une maladie épizootique dans les Vosges, & dans d’autres endroits de la Lorraine, qui attaqua les chevaux & les bœufs. M. Bagard, médecin de Nancy, dit qu’elle se manifestoit par les accidens suivans. Un froid & un tremblement affaiblissent les bestiaux : bientôt après succède une chaleur âcre & violente qui se répand par tout le corps, avec un battement fréquent de leurs artères ; les bêtes qui en sont attaquées baissent la tête & ont un air de tristesse, leurs yeux pleurent ; elles ont de grandes anxiétés, avec une respiration laborieuse, des palpitations de cœur ; elles jettent des glaires par la bouche, & des matières puantes par les naseaux. Les bœufs cessent de ruminer & ne mangent plus ; peu après il leur survient des boutons au-dessus du fondement, sur le ventre & par tout le corps, comme dans la petite vérole ; enfin, des apostumes, des charbons, des bubons, ce qui ne laisse aucun lieu de douter que la nature de cette maladie ne soit fièvre maligne, inflammatoire & pestilentielle.

Comme les maladies épidémiques ont leur cause primitive, ou dans l’infection de l’air, ou dans la corruption des alimens, ou dans la contagion d’un corps à un autre,