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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/281

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il en découloit une morve continuelle ; dans d’autres, les narines étoient rétrécies, très-rouges, sans aucun écoulement ; le milieu du nez étoit de travers avec de petites convulsions : peu de temps avant la mort, il en découloit une humeur sanguinolente, d’une odeur insupportable. Dans plusieurs, la lèvre antérieure étoit engorgée, & la postérieure étoit pendante, & comme privée de sentiment ; la bouche fournissoit une grande quantité d’humeur & de salive ; les gencives rouges, enflammées, pleines de varices, étoient parsemées de petits boutons jaunâtres, d’aphtes ou de petits chancres, dont le nombre augmentoit considérablement avant la mort de l’animal ; cet accident étoit suivi de l’ébranlement général de toutes les dents ; la même chose paroissoit au palais & à la langue, qui se couvroient alors d’une salive blanchâtre &mousseuse ; ses gencives se trouvoient aussi quelquefois, mais cependant très-rarement, attaquées de petits ulcères ; il survenoit à plusieurs un bubon ou une dureté inflammatoire vers le milieu du col, au fanon & aux aînes. Les unes pouvoient se tenir sur leurs jambes & se coucher ; d’autres, au contraire, avoient leurs jambes roides, & ne se couchoient point jusqu’à la mort ; quelques-unes, enfin, ne pouvoient se soutenir que sur leurs jambes de devant ; les pieds de derrière étoient si sensibles, qu’elles n’y pouvoient supporter l’attouchement ; pour peu qu’on les frottât avec la main, elles se penchoient en arrière. Ce symptôme est une marque certaine d’une grande douleur. Le battement des artères, que l’on remarque aisément dans les bêtes maigres, & difficilement dans celles qui sont grasses, étoit très-fort & très-fréquent au col & sur les tempes, en comparaison de celui des bêtes saines. Tels furent les premiers signes de la mortalité des bestiaux, qui affligea la Hollande. Passons actuellement aux progrès de cette maladie.

Vers la fin du second jour, & ordinairement dans le troisième, la respiration devenoit difficile, & la difficulté augmentoit rapidement ; on remarquoit alors un mouvement violent & continuel dans le ventre. Tous les muscles du col & de la poitrine étoient dans le travail ; l’animal poussoit des soupirs & des gémissemens, il rendoit par le nez & par la bouche un écoulement de morve & de salive ; ces matières étoient pleines d’écume ; elles devenoient infectes & sanguinolentes avant la mort. La plupart des animaux infectés ne jouissoient d’aucun sommeil ; les autres dormoient très-peu. Quand on a examiné leur cerveau après leur mort, les toiles membraneuses qui lui servent d’enveloppe, étoient rougeâtres & enflammées. Presque tous ces animaux s’affoiblissoient fort vite, & paroissoient subitement comme assommés d’un coup de massue. Le quatrième, le cinquième & le sixième jour au plus tard, les urines ne différoient que très-peu de l’état sain, quelquefois seulement elles étoient plus colorées, & d’autres fois plus claires qu’elles ne le sont naturellement ; quelquefois aussi l’odeur en étoit très-pénétrante. Les consistances des excrémens étoit plus variées dans les bêtes malades : les unes étoient opiniâtrement constipées, ou ne ren-