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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/280

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on laisse aux physiciens à philosopher sur celle qui a produit la maladie actuelle ; on observera seulement qu’il est arrivé plusieurs fois, dans différentes provinces, de semblables contagions qui proviennent de la communication des bœufs étrangers, & qu’il n’est que trop certain qu’un cheval ou un bœuf infecté, la communique bientôt aux autres de la même écurie ou étable, & qu’elle se répand promptement dans une province. En 1736 une semblable maladie se répandit dans l’évêché de Metz.

Les symptômes dont nous avons fait mention, font aisément connoître que cette contagion attaque le sang en le coagulant : l’ouverture des bestiaux qui en sont morts, le confirme ; puisqu’en les ouvrant encore tout chauds, il ne se répand presque point de sang.

Parmi ceux qu’on a ouverts, on a trouvé dans les uns une tumeur considérable, d’une corruption & d’une fétidité insupportables, adhérente aux parois de l’estomac des bœufs ; dans d’autres on découvre des hydatides & des vésicules dans le cerveau & dans les poumons, remplies d’air ; dans les uns, des ulcères à la racine de la langue & dans la bouche ; dans d’autres, des tumeurs extérieures, au bas du ventre, comme des bubons & des charbons ; enfin, on leur trouve encore des vers dans les entrailles.

M. Bagard pense que pour arrêter le cours de la maladie, il est à propos de visiter deux ou trois fois par jour les bestiaux, & lorsqu’ils seront au pâturage, de laver les étables, de frotter les crèches, les râteliers & les piliers des étables avec de l’eau dans laquelle on aura fait tremper ou bouillir des herbes aromatiques, comme thim, sauge, laurier, origan, marjolaine, & l’on parfumera ces lieux deux fois par jour, le matin, lorsque les bestiaux iront aux champs, le soit, deux heures avant qu’ils rentrent ; on aura soin de ne les point faire sortir, avant le lever du soleil, & dès qu’ils seront sortis, on frottera les auges & les râteliers avec de l’ail, & on allumera des feux clairs dans les cours & dans les rues : on aura soin que le soin & la paille de leurs alimens soient purs, & qu’ils n’ayent pas été mouillés par les pluies ou les déluges d’eau, & on leur donnera moins à manger, afin qu’il n’engraissent pas.

En 1744 & 1745, & au commencement de 1746, une maladie épizootique attaqua les bestiaux de la Hollande : voici la description qu’en donne M. le Clerc, dans son Histoire naturelle de l’homme malade. Le poil de ces animaux se hérissoit, dit-il ; bientôt après il leur survenoit un tremblement presque universel ; les oreilles & les cornes ne tardoient pas à devenir froides ; il survenoit une rougeur inflammatoire aux yeux & sur la corne de la bête malade : quelques-uns avoient cette rougeur dès le commencement de la maladie, d’autres seulement vers la fin, & très-peu de temps avant la mort. Les yeux ne devenoient pas toujours rouges, mais communément ils prenoient une couleur jaunâtre, & paroissoient s’enfoncer dans leurs orbites. La plus grande parties des bêtes infectées avoit un écoulement de larmes ; d’autres avoient les yeux abattus & sans larmes. Dans quelques-unes le nez paroissoit enflé, &