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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/324

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avoir le sucre d’érable, lorsqu’il n’est pas sophistiqué.

La liqueur sucrée qu’on retire au printemps, dans le temps que les boutons d’érable commencent à s’ouvrir, a non-seulement un goût d’herbe désagréable, mais encore elle se dessèche difficilement, & absorbe facilement l’humidité de l’atmosphère ; ce défaut oblige les habitans à en faire un sirop semblable à celui de capilaire. Le sucre d’érable, pour être bon, doit être dur, d’une couleur rousse, être un peu transparent, d’une odeur suave & fort doux sur la langue.


ÉRÉSIPÈLE, Médecine rurale. C’est une tumeur diffuse, avec rougeur très-vive, chaleur très-âcre & brûlante, qui change de couleur & qui pâlit quand on la presse, mais qui reparoît dès que la pression a cessé.

L’érésipèle est simple ou composé ; il est essentiel ou symptômatique ; il peut-être compliqué d’œdème, & participer du caractère du phlegmon, du squirre, du charbon ; & d’après ces complications, on le désigne sous les noms d’érésipèle phlegmoneux, œdémateux, squirreux, charbonneux.

Le siège de l’érésipèle est sur la peau & la membrane adipeuse ; il n’est pas toujours externe ; les viscères intérieurs n’en sont point exempts ; ils en sont très-souvent attaqués, ces affections sont alors appelées inflammations. L’érésipèle diffère du phlegmon, en ce que ce dernier est une tumeur circonscrite, & que l’érésipèle est une tumeur très-diffuse, & qui s’étend jusqu’au septième jour, à compter du jour de l’invasion.

L’érésipèle se termine ordinairement par la résolution simple ou excrétoire, ou par la suppuration ou par la gangrène.

Après avoir reconnu la nature & l’espèce de l’érésipèle, il faut en distinguer les causes, & savoir s’il vient de cause interne, c’est-à-dire du vice du sang & de l’humeur de la sueur, ou de cause externe purement accidentelle. Parmi les causes de l’érésipèle, on doit compter l’âcreté du sang & des autres humeurs, leur épaississement, une bile très-exaltée, un tempérament très-chaud, l’usage ou l’abus de liqueurs spiritueuses, les exercices immodérés, les grands chagrins, toutes les passions de l’ame, une trop grande contention d’esprit, un long usage des alimens salés, trop épicés & de haut goût, la suppression de différentes évacuations ; comme des menstrues, des lochies arrêtées, d’un flux hémorroïdal interrompu ; il faut encore admettre une disposition, sans laquelle toutes les causes, tant prochaines qu’éloignées, n’auroient que peu ou point d’action.

L’érésipèle sera d’autant moins dangereux, que son siège sera éloigné des viscères essentiels à la vie ; il sera moins dangereux à quelque extrémité qu’à la poitrine, qu’à la tête, qu’au cou ; par la raison que l’inflammation peut se communiquer à l’intérieur, & alors il se formeroit une complication qui pourroit faire craindre pour les jours du malade.

La résolution est la terminaison la plus heureuse que l’érésipèle puisse prendre ; d’après cela on doit mettre tout en œuvre pour le faire