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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/326

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à l’égard de tous ces animaux, la même marche dans ses opérations, que dans l’homme.

Signes de l’érésipèle. Les signes qui caractérisent cette maladie, sont la douleur, la chaleur, la tuméfaction légère des tégumens, la fièvre qui accompagne presque toujours cette tumeur, & une rougeur vive que l’on apperçoit en écartant les poils du bœuf & du cheval, ou la laine du mouton.

L’érésipèle peut affecter toutes les parties du corps de l’animal ; le danger de cette tumeur est toujours relatif aux parties où elle siège, à l’activité des symptômes, à l’espèce, à l’âge & au tempérament de l’animal. Quand cette maladie, par exemple, attaque la tête, elle se manifeste ordinairement par la fièvre, le dégoût, la stupeur, par la tension, la douleur, la grande chaleur, le gonflement & la rougeur de la partie. Il est facile de distinguer ce dernier symptôme dans les chevaux dont le poil est clair & fin ; mais lorsque l’érésipèle affecte les extrémités, il est moins dangereux. Nous pouvons avancer, en général, que les jeunes sujets, & ceux qui sont bien nourris, le supportent mieux que les animaux avancés en âge, mal nourris ou exercés.

Cette tumeur inflammatoire change quelquefois de situation ; on peut dire alors qu’elle est rebelle, & s’en méfier, & il arrive assez souvent que sa rentrée dans l’intérieur cause la mort de l’animal. Nous pouvons tirer le même prognostic de l’érésipèle, qui, au lieu de se résoudre sans changer de situation, tend à la suppuration ou à la gangrène ; la matière contenue dans la tumeur, est toujours de mauvaise qualité & de nature à produire un ulcère, dont les chairs molles, baveuses, & incapables de se reproduire, dégénèrent promptement en gangrène difficile à arrêter, & qui par conséquent met rarement l’animal à l’abri de ses ravages.

Causes de l’érésipèle. Nous comptons parmi les principes les plus fréquens de l’érésipèle le partage subit d’une grande chaleur à un grand froid, la transpiration insensible & la sueur suspendues ou dépravées, la brûlure, la trop longue exposition aux rayons du soleil, la malpropreté des poils & de la laine, leur abondance, les remèdes onctueux si souvent employés par les maréchaux de la campagne, les courses violentes, les alimens trop-échauffans, la boisson des eaux impures, & les pâturages marécageux.

On doit bien voir que, parmi toutes ces causes, les unes sont générales, & les autres particulières ; que les premières résident dans l’âcreté & l’impureté de la masse du sang, ou dans une matière saline, qui est mêlée avec les humeurs ; tandis que les secondes se bornent à l’acrimonie de la peau, Dans l’un & dans l’autre cas, l’humeur de la transpiration s’arrêtant ou séjournant dans les glandes des tégumens, s’y altère, devient âcre, corrode les tuyaux des glandes, y pratique des gerçures, des crevasses, des vessies pleines d’une sérosité âcre, qui, rongeant & coupant les extrémités des vaisseaux sanguins, y excite l’inflammation, & de-là l’érésipèle.

Traitement. La saignée est indi-