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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/327

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quée dans le commencement de l’érésipèle, & pour suivre les saines loix de la médecine vétérinaire, il convient même de la répéter plusieurs fois, & selon l’exigence du cas, dans l’espace de vingt-quatre heures. Les saignées doivent être proportionnées en raison de l’âge, du tempérament, & à l’espèce de l’individu. Quatre livres de sang, par exemple, suffisent au cheval de l’âge de quatre ou cinq ans, & d’une taille ordinaire ; huit livres au bœuf, & demi-livre au mouton de la plus grande espèce. On doit encore avoir égard au siège de la tumeur ; si elle occupe, par exemple, la tête ou le col, & l’endroit de la veine jugulaire, il ne faut pas craindre de la répéter, & de la faire même plus abondante : la résolution, il est vrai, sera plus tardive, mais il est certain qu’on sauvera la vie à l’animal. Le foin, l’avoine, & toutes les nourritures capables d’échauffer, seront interdites ; le son mouillé, les herbes fraîches & mucilagineuses serviront de nourriture, & l’eau blanche nitrée, de boisson : deux heures après la saignée, on administrera des breuvages adoucissans, délayans & tempérans ; si l’inflammation de la tumeur n’augmente pas, & si elle paroît vouloir tendre à la résolution, il faudra fomenter la tumeur avec une décoction de fleurs de sureau, aiguisée d’un peu d’eau-de-vie, & appliquer des compresses imbibées de cette liqueur sur la partie, dans l’intervalle des fomentations ; mais tant que la chaleur, la douleur, se soutiennent & sont vives, ce qu’il est aisé de connoître, en touchant la partie, & par l’inquiétude de l’animal, il faudra mélanger avec les fleurs de sureau, des fleurs de mauve & de guimauve, & supprimer l’eau-de-vie, jusqu’à ce que l’inflammation de la partie paroisse vouloir se résoudre : c’est le cas alors d’appliquer des plumaceaux imbibés d’une solution de sel de saturne, dans l’eau-de-vie. L’eau-de-vie camphrée, à laquelle on ajoute du sel ammoniac, produit de bons effets dans l’érésipèle qui est de nature à s’affaisser & à devenir œdémateux. Dans les tumeurs érésipélateuses, où la suppuration paroît vouloir s’établir, il faut se hâter d’employer des topiques capables d’en empêcher les progrès, tels que de fréquentes compresses imbibées d’esprit de vin camphré : si, malgré ces remèdes, la gangrène commence à paroître, il est urgent de séparer les parties mortes, des chairs vivantes, en se servant de l’instrument tranchant. M. T.


Érésipéle Contagieux, Médecine vétérinaire. Il est une autre espèce d’érésipèle qui se transmet aisément d’un animal à un autre, & qui par conséquent est contagieux. Le mouton y est plus exposé que les autres animaux.

Symptômes. La rougeur, la chaleur, la douleur, la tension occupent la plus grande partie de la peau de l’animal ; il est triste, dégoûté, inquiet, & a une forte fièvre, la laine tombe, & communément la tumeur devient gangreneuse.

Traitement. Lorsqu’un berger s’apperçoit que l’érésipèle contagieux, a attaqué son troupeau, il doit aussitôt séparer les moutons sains, des malades ; parfumer la bergerie avec des baies de genièvre macérées dans