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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/337

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quelle il desire en cueillir les fruits.

C’est d’après de semblables dispositions que les arbres de Montreuil sont placés & conduits par les mains les plus habiles & les plus exercées de l’univers.

L’espace qui se trouve compris entre ces murs n’est pas perdu. Il sert, au contraire, soit à y placer des couches & sur-tout du jardinage, mais jamais des arbres fruitiers en nain ou en contre-espaliers. (Voyez ce mot, où l’on trouve la raison physique qui s’oppose à leur réussite, à moins que le carreau ne soit très-spacieux.) Si, au contraire, le carreau est resserré, si les couches qu’on y formera ne sont elles-mêmes garnies de brise-vents particuliers, (voyez Brise-vents) elles souffriront beaucoup du courant d’air qui passe sur les murs, & se précipite en raffale sur les couches ou sur les arbres. Si les couches, (voyez ce mot,) touchent le mur, elles perdront promptement leur chaleur, & feront mourir indispensablement l’arbre dont une partie du tronc sera environnée de fumier.

J’ai vu des espaliers du genre dont on parle, ne pas avoir vingt pieds de diamètre en tout sens ; ils sont plus chauds à la vérité, mais que de maçonnerie employée en pure perte, à moins qu’on se contente de planter un seul arbre contre chaque face du mur : si on en plante deux, ils se mangeront l’un & l’autre ; je le répète : la position & le climat qu’on habite doivent prescrire à l’homme intelligent la grandeur du diamètre des carreaux.

II. Des accessoires de l’espalier. 1°. Des tablettes. Lorsque l’on se livre à la dépense de semblables constructions, c’est dans la vue de jouir d’une abondante récolte de fruits, & de se procurer des arbres d’une belle venue. Ce n’est donc pas assez de se contenter d’élever des murs, ils exigent d’être couronnés par des tablettes sur-tout dans nos provinces du nord. On entend par tablette une saillie ménagée au haut des murs, afin que l’eau qui tombe perpendiculairement sur le mur ne découle pas sur l’arbre. Les avantages qui en résultent sont très-bien décrits par le continuateur du célèbre abbé de Schabol, il s’explique ainsi : « ces tablettes servent 1°. à éloigner des pêchers & de leurs fruits, les eaux du ciel qui leur sont très-nuisibles, sur-tout lors des faux dégels. 2°. À retarder la sève du pêcher, à l’arrêter même, & à la faire refluer par le bas, à raison du défaut de circulation d’air dont ces tablettes empêchent la perpendicularité, afin que cet arbre qui se porte toujours vers le haut, se trouve également garni par-tout. 3°. À garantir de la gelée au printemps, la partie supérieure de l’arbre. On a vérifié qu’au moyen de ces tablettes, le pêcher poussoit moins vîte par le haut que par le bas. Le contraire arrive aux espaliers ordinaires. 4°. À briser, diviser, écarter ce qu’on appelle vents-roux, les brouillards malfaisans qui brouillent au printemps les feuilles, & endommagent les fleurs. 5°. À comprimer l’air, à rallentir son action sur les pêchers qui poussent vers le haut avec plus de modération. 6°. La saillie de ces tablettes brise l’ardeur des rayons du soleil, empêche que les arbres & leurs fruits n’en soient frappés aussi vivement. 7°. Elles contribuent à la durée des murailles dont elles éloignent la chute des eaux. »

Ces tablettes sont & seront com-