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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/341

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la perte des pêches, des abricots, des poires, &c. n’est pas bien affligeante ; ces fruits y sont plutôt une douceur qu’une ressource sur laquelle on compte fortement ; aussi les précautions que j’indique, seront traitées de minutieuses : il n’en est pas ainsi aux portes des grandes villes, & de Paris sur-tout. Lorsqu’un arpent de terrein, garni de ses murs & de pêchers ou autres arbres fruitiers en rapport, est vendu jusqu’à dix mille livres, & que, si les fruits manquent, les propriétaires sont ruinés, parce que les impositions sont en raison de la valeur du produit de cet arpent, & par conséquent très-lourdes.

Celui dont les facultés ne lui permettent pas de faire la dépense des toiles, peut en quelque sorte les suppléer, lorsqu’il veut garantir ses arbres des gelées du printemps, par de grandes branches sèches, chargées de tous leurs rameaux & semblables à celles avec lesquelles on rame les pois. Il fichera en terre la base aiguisée de ces branches & en formera une espèce de treillis sur toute la longueur & hauteur de ces arbres, mais non point capable d’intercepter le courant d’air. S’il pleut, ces rameaux reçoivent la pluie, & elle roule jusqu’à la base de la branche, sans presque mouiller l’arbre ; si l’air est froid & qu’il y ait de la rosée, elle s’attache au premier corps qu’elle rencontre, & l’arbre y est soustrait en très-grande partie. D’ailleurs, ces branchages nécessitent un courant d’air qui dissipe l’humidité.

Plusieurs cultivateurs conservent soigneusement les fannes des pois, des haricots, & les éparpillent sur les branches des arbres qu’ils veulent conserver ; cette méthode très-économique n’est pas sans inconvénient. Si la pluie survient ou une grande humidité & le froid par-dessus, toutes ces fannes s’imbibent d’eau qui se glace, & comme elles touchent immédiatement aux fleurs ou fruits de l’arbre, elles leur nuisent : dans toute autre circonstance elles sont utiles. Tous ces moyens secondaires ne sont pas à comparer à l’usage des toiles.

4°. Des palissages. On palisse, ou en fixant contre les murs des grillages en bois peints à l’huile, & dont les points de réunion sont maintenus par des fils de fer croisés, ou en enfonçant des clous dans le mur, qui fixent des fils de fer ou d’archal, posés en lignes horizontales & à une distance égale les uns des autres, par exemple, à un pied, ou enfin, en plantant, suivant les besoins, des cloux dans ces murs auxquels les loques sont assujetties. La plus détestable de ces méthodes est la seconde ; la meilleure est la troisième, lorsque la qualité du mur permet de la mettre en usage. Les grillages en bois ont le défaut de servir de repaire à tous les insectes ; ils se cachent dans les vides qui se trouvent entre le bois & le mur ; ils passent tranquillement l’hiver, & dès que la chaleur se fait sentir, ils sortent de leurs cachettes, se répandent sur l’arbre, & y causent des dégâts sans nombre : ces insectes sont de deux espèces, les uns butinent pendant le jour, & les autres pendant la nuit, de manière que les retraites ne manquent jamais de malfaiteurs. On a beau attacher des bourgeons contre le fil de fer, on a beau les serrer avec des liens, le moindre vent dérange leur direction, parce