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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/362

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bouillir sur des charbons ardens ; d’autres le furent par la seule évaporation du vinaigre : on circonscrivit ensuite, pour ainsi dire, la maladie, pour la renfermer en quelque sorte dans le lieu où malheureusement elle régnoit, & pour en borner les progrès. Ce qui avoit été pratiqué relativement à ces animaux, le fut relativement à ceux qui habitoient les confins du village ; tous furent encore saignés à la jugulaire, &, au moyen de cette évacuation, de la boisson ordinaire que l’on eut la précaution d’aciduler légèrement, & de l’attention que l’on eut de diminuer la quantité de nourriture, de ne pas envoyer trop tôt les animaux aux pâturages, de ne pas les y laisser trop tard à la chaleur ou au moment de la nuit, enfin, de les faire abreuver insensiblement plutôt de l’eau du rhône que de mare, on compta plus de trois cens bœufs ou vaches qui furent constamment préservés des atteintes d’un venin qui n’outrepassa pas les limites qu’on venoit de lui prescrire.

Ces opérations faites, on en vint aux animaux infectés ; on usa des mêmes parfums dans les étables, qui furent également & soigneusement nettoyées : la nécessité d’y renouveler l’air, parut indispensable ; par un défaut d’action & d’agitation il s’altère & se corrompt bientôt lui-même, comme l’eau, le sang & les humeurs : or, dans des étables trop communément mal construites, basses & peu aérées, la fréquente respiration & l’augmentation de la transpiration animale lui font perdre une portion de son principe vital, c’est-à-dire, de son élasticité ; il croupit en quelque façon, & jes parties putrides qui s’exhalent des corps malades, & qui ne peuvent se dissiper aisément, accélèrent & multiplient incontestablement les causes & les effets de la corruption. Plusieurs de ces animaux furent saignés à la jugulaire, mais une fois seulement, & dès les premiers momens de la maladie : on se garda bien d’en faire à ceux dans lesquels les signes de putridité étoient apparens ; l’eau blanchie par le son fut offerte pour toute nourriture ; elle se prépare ainsi : prenez son de froment, une jointée ; trempez les deux mains dans un seau plein d’eau, tenant toujours le son ; imbibez-le de cette eau, comprimez-le à diverses reprises, & laissez tomber dans le même seau l’eau blanche que vous en retirerez, trempez & pressez de nouveau, jusqu’à ce que l’eau que vous exprimerez cesse d’être colorée : jetez alors la jointée de son dans l’eau, elle ira au fond. Reprenez-en de nouveau à différentes fois, selon la blancheur que vous voudrez communiquer à la boisson.

On ajouta pour les uns, dans celle-ci, & dans chaque seau, une once de cristal minéral ; on l’acidula pour les autres, comme on avoit acidulé celle des animaux sains & à préserver, le vinaigre étant de tous les acides végétaux celui qui, divisant & fondant le plus puissamment, est le plus contraire au mouvement intestin d’où résulte la putréfaction, & par conséquent le plus propre à assombrir immédiatement la force vénéneuse de la contagion.

Les lavemens rafraîchissans ne furent point oubliés ; on en administroit deux par jour à chaque malade ; ils étoient composés de feuilles de mauve, de pariétaire, de mercurielle, de