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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/411

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la structure des poils paroît différer un peu de ce qu’elle est ordinairement.

Au sujet des poils des plantes, M. Méefe a observé qu’ils étoient plus rares, & quelquefois plus longs sur les plantes élevées dans l’obscurité, que sur celles qui croissoient à la lumière.

Des plantes aquatiques soumises aux mêmes expériences, se sont de même étiolées dans l’obscurité ; & il faut en conclure que la lumière influe jusque sur la végétation des plantes qui croissent dans l’eau.

Si la lumière a une telle influence sur toute la vie végétale, que dès le moment que la plante en est privée elle commence à tomber en langueur & finit par périr, elle doit en avoir nécessairement une très-considérable sur le principal acte de la végétation, la fécondation ou la fructification. C’est ce que M. Méese confirma. Il mit dans l’obscurité une pâquerette ou marguerite qui avoit deux fleurs ouvertes & quelques autres fermées ou à demi-ouvertes ; au bout de quelques heures les fleurs se fermèrent : la plante resta dans cet état pendant tout le mois d’avril ; les feuilles vertes périrent peu à peu, les fleurs restèrent toujours fermées, & la plante mourut vers la mi-mai. Il en arriva autant à des fleurs de mouron, de senneçon, de soleil, de narcisse, &c. ; il est donc constant que la fructification ne s’achève pas dans l’obscurité. Il observa cependant que quelques fleurs s’y sont ouvertes ; mais cet épanouissement peut venir de deux causes ; 1°. de l’extension lente des parties encore contenues dans leurs enveloppes, & cette extension est le produit de la nutrition ; 2°. de l’expansion subite par laquelle la fleur s’ouvre, & qui provient d’une plus grande affluence de sucs. L’absence de la lumière, en troublant, suivant M. Méese, le mouvement des sucs par le retardement & la diminution de la transpiration, les sucs affluant en moindre quantité dans l’obscurité, ne pourront pas tendre les fleurs avec autant de force. Celles-ci ne s’ouvriront pas, si la fructification n’est pas encore assez avancée lorsqu’on intercepte la lumière ; mais elles s’ouvriront plus ou moins, si la végétation a déjà assez de force pour ne pas se ressentir trop de la diminution qui leur survient ; enfin, n’est-il pas probable que les fleurs ouvertes, se fermeront dans l’obscurité, parce que les sucs n’y ont plus la force suffisante pour vaincre l’élasticité des fibres.

Quoique la fructification n’ait pas lieu dans l’obscurité, il ne faut pas l’attribuer au manque des étamines & de la poussière fécondante ; elles se forment également : il est indécis si cette poussière dans cet état est réellement fécondante, & c’est ce dont M. Méese n’a pu s’assurer comme il s’est assuré qu’en général les fleurs mises dans l’obscurité périssoient souvent plutôt que celles qui jouissent de la lumière.

D’après ces expériences & quantité d’autres, M. Méese conclut que les plantes s’étiolent toutes les fois qu’elles font privées de la lumière directe, que l’étiolement est plus ou moins considérable, suivant que cette privation est plus ou moins complète ; mais que cette altération n’a lieu que pour les parties tendres & délicates des plantes, comme la partie supérieure de la tige qui n’est pas