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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/412

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encore verte ; que pour les autres qui sont entièrement développées, & ont acquis tout leur accroissement, elles périssent, à la vérité, mais sans donner de signe d’étiolement ; si ce n’est un peu au bout supérieur des branches ; & qu’enfin le plus grand étiolement a lieu en général pendant les premiers jours que la plante est privée de l’influence de la lumière.

Cette privation produit donc un effet constant dans toutes les plantes, la mort ; mais les jeunes plantes, celles qui sont encore tendres, éprouvent une maladie de plus, l’accroissement extraordinaire en quoi consiste proprement l’étiolement. Celles qui sont fortes, & dont la vie est plus longue, résistent davantage à cet accroissement. La rigidité & la solidité des fibres en est la cause principale ; (voyez le mot Accroissement) mais un des principes les plus énergiques de vitalité ne les animant plus, elles n’en périssent pas moins : Au mot Lumière, cette vérité sera mise dans tout son jour.

Telles sont & les expériences & les conséquences de M. Méesé sur l’étiolement, qu’il attribue simplement à l’absence de la lumière. Ce n’est pas cependant qu’il n’ait reconnu que la chaleur & l’humidité, dans bien des cas, ne produisent un allongement dans les tiges des plantes analogues à l’étiolement, par la foiblesse des tiges minces, des feuilles jaunâtres, quelquefois d’une plus petite surface, d’une couleur plus pâle, &c.

M. Changeux, comme nous l’avons dit plus haut, pense au contraire, que la chaleur humide opère principalement, & est le premier agent de L’étiolement : & voici les expériences sur lesquelles il se fonde.

Sur une pelouse fournie abondamment d’herbe de différentes espèces, il plaça des vases qui avoient depuis quelques pouces de diamètre jusqu’à quatre pieds : ces vases renversés, renfermoient sous leur enceinte un gazon épais ; toutes les plantes s’y étiolèrent en plus ou moins de temps. Ces expériences répétées dans différentes saisons, lui ayant toujours donné le même résultat, & la température de l’air renfermé sous les vases, lui ayant paru plus chaude & plus humide, il en a conclu que l’altération que les plantes y éprouvoient en étoit le produit.

Nous croyons que ces deux causes ont de l’influence sur la végétation ; (voyez Chaleur ET Humidité) mais nous n’admettons pas son explication ; il auroit fallu pour la démontrer pleinement, qu’il eût répété ses expériences sur des plantes non privées de lumière ; & dans le cas présent, on ne voit que des plantes sur lesquelles ces trois causes ont agi également. Ces expériences de MM. Duhamel, Bonnet & Méese sont bien plus concluantes, & il est difficile de ne pas regarder, d’après elles, l’absence de la lumière comme la cause première de l’étiolement. De plus, les plantes recouvertes de terre s’étiolent également dans tous les temps de l’année, & l’on sait que la chaleur de la surface de la terre n’est pas égale dans toutes les saisons ; une plante renfermée dans du sable très-sec s’étiole de même ; ici point d’humidité.

Ce seroit peut-être ici le lieu d’examiner si non-seulement l’absence de la lumière, mais encore