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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/438

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provinces septentrionales, y est devenu très-commun ; les forêts commencent à en être peuplées, & on en trouve dans presque tous les parcs des grands seigneurs ; bientôt ils seront aussi nombreux que les lièvres & les perdrix. Par quelle fatalité faut-il que la sensualité & les plaisirs des grands soient onéreux à leurs vassaux ! s’ils deviennent plus nombreux, il sera inutile d’ensemencer les terres. La perdrix se contente de couper les premières feuilles du blé lorsqu’il pousse ; mais le faisan arrache le grain & le mange, & les champs voisins des bois sont bientôt dévastés. Il ne manquoit plus que cette calamité pour mettre le comble à la misère des habitans des terres limitrophes de celles des grands seigneurs.

Je n’ai jamais élevé de faisans, il faut donc parler d’après les autres.

« La faisanderie, (Diction. Encyclop.) est un lieu où l’on élève familièrement des faisans ; elle doit être un enclos de murs assez hauts pour n’être pas insultés par les renards, & d’une étendue proportionnée à la quantité de gibier qu’on doit élever : dix arpens suffisent pour en contenir le nombre dont un faisandier peut prendre soin ; mais plus une faisanderie est spacieuse, meilleure elle est ; il est nécessaire que les bandes du jeune gibier qu’on élève, soient assez éloignées les unes des autres pour que les âges ne puissent se confondre. Le voisinage de ceux qui sont forts est dangereux pour ceux qui sont foibles : cet espace doit-être d’ailleurs disposé de manière que l’herbe y croisse dans la plus grande partie, & qu’il y ait un assez grand nombre de petits buissons épais & fourrés pour que chaque bande en ait un à portée d’elle ; ce secours leur est nécessaire pendant le temps de la grande chaleur. »

Si on désire travailler moins en grand, on peut former par des murs ou avec un treillage en fil de fer, un quarré de trente à cinquante pieds sur toutes les faces, & tout le tour du bas de cette enceinte, sera garni en dedans de petites loges, chacune d’un pied & demi en tout sens, séparées les unes des autres par des cloisons, & fermées d’un treillis de fil de fer ou de filets de pêcheurs, ou simplement de bâtons gros d’un doigt, éloignés d’un pouce & demi ; chaque loge aura ses deux augets pour la mangeaille & l’eau de la faisane qu’on y mettra pour pondre & y couver. Les loges doivent être à l’abri des injures de l’air, par une bonne planche ou autre couverture. Les nids doivent être garnis de bonne paille ou de foin.

Pour peupler la faisanderie, il faut prendre de jeunes faisans de l’année ; ils s’apprivoisent bien mieux que les vieux ; les choisir gros & bien emplumés, bien éveillés ; un mâle suffit pour deux femelles & en tel nombre qu’on voudra les mettre dans la volière ; ne les y point laisser manquer de nourriture, & les visiter souvent afin de les accoutumer à être moins farouches. La faisane ne fait qu’une ponte par an, environ de vingt œufs. (Maison rustique).

Dans les endroits exposés aux chats, aux fouines, &c. on couvre les parquets d’un filet : dans les autres, on se contente d’éjointer les faisans pour les retenir. Éjointer, c’est enlever le fouet même d’une aile, en ser-