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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/446

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inondé tout l’ouvrage ; aussi commence-t-on le travail de très-grand matin, & est-on obligé de l’abandonner vers les trois ou quatre heures de l’après-midi. Un trou une fois abandonné, on n’y revient plus ; il est moins pénible & plus avantageux d’en percer un second, que d’épuiser le premier. L’eau filtrée à travers ces débris de coquilles est claire, limpide & sans mauvais goût ; cela vient sans doute de ce que la masse de falun n’est composée absolument que de coquilles sans sable, ni pierre, ni terre.

La masse de falun nécessaire retirée du trou, égouttée & desséchée, s’étend dans les champs comme la marne. Comme les terres de ce canton sont de nature différente, la quantité de falun nécessaire pour chaque terre n’est pas la même ; il y a des terres qui en demandent jusqu’à trente à trente-cinq charretées par arpent ; tandis que dans d’autres, quinze ou vingt suffisent.

La nature du falun bien reconnue pour n’être qu’un dépôt de coquilles & de madrépores, en un mot, de productions marines, il est facile de voir qu’il diffère essentiellement de la marne, qui n’est qu’une terre calcaire mêlée de sable &’d’argile. Aussi les terres que féconde la marne, ne le sont-elles pas par le falun ; ou, pour parler plus juste, le falun ne doit pas être considéré positivement comme un engrais dont les sels & les huiles animale & végétale fournissent abondamment le principe savonneux aux plantes, mais plutôt comme un corps maigre & sec, qui disséminé à travers les molécules de la terre, les tient écartées & assez éloignées les unes des autres pour laisser un jeu libre aux combinaisons qui doivent se former dans le sein de la terre, & porter la vie dans les racines de chaque plante. Cet amendement artificiel donne à la terre où on l’emploie, la qualité de ne conserver que la quantité d’eau convenable à la végétation, de ne pas s’affaisser par les pluies d’orage, & de fournir par sa décomposition une certaine portion d’air fixe & de terre soluble, qui sont si essentiels aux plantes. Pour remplir ces trois objets, il faut que le falun soit extrêmement divisé, soit naturellement à sa sortie du trou, soit par son séjour & son mélange avec la terre végétale. Aussi son effet est moins sensible les premières années que les suivantes ; alors le falun se trouve, par les labours & la culture, divisé, atténué & répandu uniformément. (Voyez les mots Amendement, Craie, Culture & Engrais) M. M.


FANAGE, FENAISON. (Voyez Foin)


FANE. Terme de jardinage, qui signifie les feuilles d’une plante.


FANER. Ce mot a deux acceptions en agriculture ; par la première, on entend tourner & retourner l’herbe d’un pré fauché pour la faire sécher. Par la seconde, on désigne l’état d’une plante coupée ou arrachée de terre lorsqu’elle commence à se flétrir, ou bien lorsque cette même plante restant sur pied, ne trouve pas dans la terre l’humidité nécessaire à sa végétation, qu’elle souffre de cette privation, qu’elle languit & se dessèche, dévorée par l’action du soleil. Sans la combinaison des élémens entr’eux, sans leur action & leur