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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/467

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tilés périrent avant la maturité des semences ; dans d’autres, elles restèrent petites & mal conformées, il n’y eut guères que vingt-cinq boutons dont les semences acquirent le volume & la maturité ordinaires. On y reconnut les lobe, & la plantule, mais quand on les sema en terre, elles n’y germèrent point. On pourroit tirer de là cette conséquence directe, que le succès du développement des embryons, dépend en grande partie de l’action fécondatrice de la poussière des étamines ; mais que néanmoins elle n’est ni le véhicule ni l’auteur de ces embryons.

2°. Les fleurs de la courge, du cucurbite milopepo fructu clypeiformi, lui servirent de sujet d’expériences pour les plantes de la seconde classe. Il sema de la graine de ces plantes ; à mesure que les fleurs mâles paroissoient il les coupa, & ne laissa sur chaque pied que deux fleurs femelles ; malgré cette précaution ces fleurs se développèrent très-bien, les fruits grossirent & mûrirent dans le temps ordinaire ; les semences bien constituées & bien conformées, mises en terre, germèrent, & qui plus est, fournirent des plantes qui donnèrent à leur tour des semences aussi fécondes que les premières. Voilà donc une espèce de plante dans laquelle il est bien sûr que la fructification ne dépend aucunement de la poussière fécondante. Les fleurs de l’espèce de courge commune nommée cucurbite trullus, se trouvèrent également fécondes malgré l’amputation exacte des fleurs mâles.

2°. Les plantes à individus mâles & à individus femelles, le chanvre, l’épinard des jardins, & la mercuriale, furent essayées pareillement.

Camerarius avoit déjà observé que le chanvre femelle, quoi qu’absolument isolé du chanvre mâle, portoit des semences fécondes ; M. Spallansani, pour écarter absolument tout doute, sema des grains de chanvre au mois de novembre, soigna pendant tout l’hiver les plantes qui en provinrent, & au printemps, les plaça sur sa fenêtre où elles continuèrent à croître. Il jeta les individus mâles à mesure qu’il les reconnut ; les fleurs femelles s’épanouirent plus d’un mois avant que le chanvre semé dans les campagnes ne fleurît ; ainsi, il n’y avoit point à craindre qu’il pût arriver des poussières d’étamines étrangères qui jetassent du doute sur les résultats ; cependant ces fleurs produisirent des semences fécondes. Les épinards des jardins présentèrent les mêmes phénomènes : voilà donc deux espèces de plantes qui n’ont pas besoin du secours de la poussière des étamines pour le développement des embryons ; il n’en est pas de même de la mercuriale : M. Spallanzanì observa que la poussière des étamines est absolument nécessaire pour la fécondation de cette espèce de plante.

De toutes ces expériences, ce savant observateur conclut que, malgré les phénomènes que présente la mercuriale & quelques autres plantes, on doit regarder comme une vérité assurée, que dans un grand nombre de plantes les embryons se développent, & les semences se forment sans la participation de la poussière des étamines ; & comme il n’y a point de véritable génération dans les règnes organiques, que tout ce qui est, préexistoit au déve-