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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/468

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loppement, il faut croire que les plantes dont les semences ne se forment pas sans la participation de la poussière des étamines, ne restent stériles que parce qu’il leur manque la condition nécessaire pour le développement des embryons ; de même que les œufs non fécondés restent stériles, quoique préexistans dans l’ovaire. Une autre conséquence de ces faits, c’est que les embryons n’appartiennent point à la poussière des étamines ; ils appartiennent donc à l’ovaire qui est leur siège naturel. Enfin, une troisième conséquence, non moins importante, c’est que l’embryon n’est pas le résultat de deux principes, l’un dépendant de la poussière des étamines, l’autre des pistils ; car une multitude de semences sont fécondes malgré l’amputation des parties sexuelles mâles.

Ces conclusions sont d’autant plus justes, qu’elles sont en rapport avec celles que MM. Bonnet & Spallanzani ont tirées des très-nombreuses observations qu’ils ont faites sur le règne animal, où ils ont remarqué que le fœtus préexiste à la fécondation. Une grande ressemblance que l’on retrouve encore entre ces deux règnes à ce sujet, c’est que quelques plantes se fécondent par le secours des étamines, tandis que d’autres sont fécondes par elles-mêmes ; il y a de même parmi les animaux, des hermaphrodites au sens le plus étroit, puisqu’ils se suffisent à eux-mêmes, comme les pucerons, les polypes, les animalcules des infusions ; & d’autres qui ont besoin du secours des deux sexes, comme tous les grands animaux.

§. VI. La Fécondation se sait par simulation & nutrition.

Il est clairement démontré, d’après tout ce que nous avons rapporté de M. Spallanzanni, que l’embryon existe dans l’ovaire dans les trois classes de plantes ; que cet embryon reçoit une vie, qu’il se développe, forme la semence, & devient en état de se reproduire lui-même en donnant naissance à une plante féconde. Nous avons vu que pour certaines plantes, & peut-être le plus grand nombre, l’action de la poussière fécondante étoit nécessaire à ce développement, tandis que dans quelques-unes elle n’est nullement nécessaire ; mais comment s’opère ce mystère ? Nous ne pouvons pas assurer que l’on l’ait découvert ; les preuves que nous avons données que l’embryon existe dans l’ovaire avant la fécondation, sont déjà un grand pas fait dans ce labyrinthe, & les conjectures de M. Bonnet nous paroissent si vraisemblables, que nous ne craignons pas de les adopter ici, sur-tout pour les plantes qui ont besoin du concours de la poussière fécondante. Cette poussière contient un fluide séminal, un vrai principe de vie, végétal, qui doit animer le germe renfermé dans l’ovaire. On peut se représenter ce germe & toutes les parties qui doivent un jour se développer, comme extrêmement concentrés, pliés & repliés sur eux-mêmes, & entrelacés les uns dans les autres avec un art infini. Dans cette idée, la fécondation ne formera rien, mais elle occasionnera le développement de tout ce qui étoit déjà formé. Pour cela, il ne faut que deux choses, l’une qui donne une