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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/469

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première impulsion un premier mouvement à toutes ses parties, & qui par conséquent ait une force expansive assez considérable pour surmonter la résistance qu’oppose l’inertie ; l’autre, que ce même principe expansif puisse être lui-même un principe d’accroissement & de nutrition. Or, le fluide séminal renfermé dans la poussière fécondante réunit ces deux objets ; la nature le rapproche, comme nous l’avons vu, de la matière inflammable, & dès lors il contient un principe très-actif & d’une énergie singulière ; il doit donc agir avec une très-grande force. D’un autre côté, l’accroissement & la nutrition, (voyez ces mots) ne s’opèrent que par le dépôt des parties propres ; le fluide séminal doit produire le même effet par son interposition entre les mailles des parties de l’embryon. D’après cela, voici comme on peut concevoir la fécondation. L’embryon est dans l’ovaire, dans une espèce d’inertie totale & privé de son mouvement vital, mais il a tout ce qu’il lui faut pour jouir de ce mouvement ; le fluide séminal, parvenu jusqu’à lui à travers le pistil, lui imprime une première impulsion qui détruit son état d’inertie ; pénétrant ensuite dans l’intérieur même de l’embryon, il en écarte toutes les parties ; ce second mouvement en tout sens le dispose à recevoir la nourriture moins subtile & moins élaborée que la plante va lui fournir ; le fluide séminal lui-même se fixe dans les mailles de l’intérieur de l’embryon, & devient son principe de vie, soit par sa nature, soit par le mouvement qu’il lui a communiqué. Si par hasard les plantes étoient douées d’une certaine irritabilité ; (ce principe qui anime l’animal) si, comme l’observe très-bien M. Bonnet, cette force constitue chez lui, comme chez l’animal, la puissance vitale, le fluide subtil de la poussière des étamines produiroit dans le germe du végétal les mêmes effets essentiels que la liqueur spermatique dans le germe de l’animal ; il y exciteroit & y accroîtroit l’irritabilité, & par elle l’impulsion des liqueurs, dont résulteroit en dernier ressort l’évolution complète du tout organique.

Cette explication de la fécondation par stimulation & nutrition peut paroître vraisemblable dans les plantes ou la poussière des étamines semble concourir directement ; mais nous l’avouons, il paroît difficile de l’appliquer à celles dont les semences se développent & deviennent fécondes sans leur ministère. Les connoissances que l’on a acquises sur ces objets, ne sont pas encore assez étendues pour oser prononcer. Cependant dans ces mêmes plantes, l’embryon préexiste dans l’ovaire ; quel sera le principe de son évolution ? où réside-t-il ? & quand agit-il sur lui ? Suivant Spallanzani, il ne seroit pas impossible qu’il le fût par quelque principe séminal qui résideroit dans le pistil même. Il rapporte que ce soupçon doit son origine à l’observation qu’il a faite d’une espèce de poussière qui siégeoit sur le stigmate du pistil de quelques plantes, avant que celle des étamines eût sa maturité. M. Koelventer l’avoit aussi apperçu, & croyoit s’être assuré que cette poussière avoir un caractère analogue à celle des étamines ; mais il n’a point fait d’expériences ultérieures. Qu’il seroit