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Page:Rozier - Cours d’agriculture, 1783, tome 4.djvu/62

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dans les jeunes animaux ; l’eau est infiniment plus abondante que dans les vieux, & on peut même dire, que, sur-tout chez les premiers, tous les solides & les liquides ne sont que de l’eau, dans laquelle nagent quelques autres principes : insensiblement les principes augmentent, se développent, se fortifient, & l’eau semble diminuer proportionellement.

Dès que le fœtus a vu le jour, & qu’il se nourrit par lui-même, ses alimens lui fournissent journellement une certaine quantité d’eau, qui, par l’acte de la digestion, se sépare du bol alimentaire, fait une portion du chyle & du sang, circule avec lui dans toute la masse, & va occasionner de tous côtés, l’accroissement ou l’entretien. (Voyez Accroissement) Les alimens liquides ne sont pas les seuls qui fournissent à l’entretien de l’humeur aqueuse ; les solides qui contiennent toujours plus ou moins d’eau, y concourent encore.

Le même principe, la même action qui fait, de l’air, une partie constituante dans l’économie animale, agit sans doute de la même façon sur l’eau ; (voyez le mot Air) il la fixe, il la fait adhérer & composer même les fluides & les solides ; dans cet état on peut considérer l’eau comme fixée ; elle est réduite, pour ainsi dire, à ses molécules élémentaires ; mais elle n’a pas perdu pour cela ses propriétés physiques ; elle n’en est pas moins dilatable, compressible & élastique ; c’est même à ces diverses propriétés qu’est dû en partie l’entretien du mouvement animal. La chaleur naturelle au corps conserve l’eau dans un état de dilatation perpétuelle, qui la rend en même temps susceptible du moindre degré de condensation, occasionné par la plus petite diminution de chaleur. La fraîcheur seule de l’air que l’on aspire à chaque instant, suffit pour y donner lieu, & cette alternative, toujours renaissante de condensation & de raréfaction, surtout dans les organes de la respiration, a sans doute une très-grande influence sur le mouvement général de la machine entière.

Un des plus grands bienfaits que l’eau rend intérieurement à toute l’économie animale, est cet état de moiteur où elle entretient toute la machine. C’est à cette moiteur qu’est due la douceur du mouvement, la diminution des frottemens, la facilité avec laquelle tous les fluides circulent, la viscosité des viscères & des organes qui les fait adhérer ou glisser les uns sur les autres sans tiraillement ni déchirement, la molesse des fibres qui leur permet de se plier & se contourner dans tous les sens les plus favorables à l’action, la sécrétion de toutes les humeurs à travers les organes propres, la tendance qu’elles prennent vers les endroits qui sont destinés à leur élaboration & leur perfection, l’excrétion de tout ce qui ne doit pas concourir à la nourriture ou à l’entretien. &c. &c. Plus on étudie la physiologie animale, plus on descend dans les secrets de la nature, & plus on admire la simplicité de sa marche qui, avec un seul principe, donne la vie à une infinité de parties qui semblent si opposées.

Autant la masse d’eau intérieur